La France a dépassé les 60 % de la population adulte ayant reçu au moins une dose de vaccin. Mais pour atteindre une immunité suffisante de la population, l’objectif serait que 75 à 80 % de la population soit vaccinée. Le ministère de la Santé mise sur deux tiers de personnes complètement protégées d’ici à la fin de l’été.
Pour le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, invité des Contrepoints de la Santé ce jeudi après-midi, « idéalement, il faudrait que 90 % de la population adulte soit vaccinée ». Mais l’immunologue sait aussi qu’une petite partie de la population sera plus difficile à convaincre. Le sondage BVA*, présenté dans le cadre des Contrepoints, confirme d’ailleurs que 21 % des Français restent réfractaires à la vaccination anti-Covid-19. Parmi ceux-là, ils sont 88 % à estimer n’être pas suffisamment informés par les pouvoirs publics sur les vaccins.
Un nécessaire travail de pédagogie
Un résultat qui montre qu’un travail de communication auprès de ces publics est nécessaire, mais aussi « qu’il y a encore une marge de progression, considère le Pr Fischer. Je ne suis pas sûr que nous ayons déjà atteint un plateau sur les personnes à convaincre, le noyau dur des réfractaires est peut-être en dessous de 20 % ». Car aujourd’hui le frein principal pour atteindre ces 90 % de la population adulte vaccinée, reste la réticence de certains à la vaccination.
Et pour le Pr Fischer, il existe deux canaux principaux les plus efficaces pour les convaincre : leurs pairs qui ont déjà sauté le pas et leurs médecins généralistes. « Ce sont eux qu’ils interrogent en premier quand ils ont des questions de santé. Ils sont un relais absolument critique, au sens positif, sur la question des vaccins », souligne-t-il.
Vers une obligation vaccinale pour les soignants
Au-delà du travail de pédagogie, certaines catégories de personnes ne sont pas encore assez vaccinées pour des raisons d'accès, notamment chez les personnes âgées ou les patients polypathologiques. Pour ceux-là, « ce n’est pas une obligation vaccinale qui va jouer mais une stratégie d’aller vers, ce qui peut prendre du temps », estime le Pr Fischer. Sur l’obligation si le président du Conseil d’orientation n’y est pas favorable pour la population générale, il n’est pas aussi catégorique pour les professionnels de santé. Après le coup de colère et la menace d’Olivier Véran face au taux de vaccination des personnels en Ehpad, le Pr Fischer reconnaît qu’il s’agit « d’une grande déception ». « Nous aurions pu espérer qu’en tant que professionnel de santé, chacun ait conscience qu’on doit protéger ses patients. Surtout dans un contexte aujourd’hui où l’on sait que pour l’essentiel, les vaccins préviennent la transmission du virus ».
Pour l’instant l’immunologue privilégie encore la stratégie de la persuasion : « les directeurs d’établissements de santé de tous ordres doivent mettre le paquet, mais pas de façon agressive car les soignants ont déjà beaucoup trinqué », mais il n’exclut pas qu’il faille aller jusqu’à l’obligation vaccinale. « Si décidément nous n’y arrivons pas, il faudra passer par la loi ». Il cite l'obligation pour tous les soignants en Italie et le Royaume-Uni où il vient d’être décidé qu’à partir d’octobre, dans les Ehpad, la vaccination sera obligatoire.
*Enquête quantitative réalisée par internet du 15 au 17 juin 2021, auprès de 1 000 Français âgés de 18 ans et plus
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