A la clinique Pasteur à Toulouse, des vélos d’appartement ont été donnés par des anciens champions du Paris-Dakar. Les patients font du vélo pendant leur chimio et parfois même reviennent après leur traitement pour en pratiquer et revoir les soignants. Cet établissement a devancé la loi du sport sur ordonnance. En application depuis le 1er mars 2017, elle autorise dorénavant les médecins à prescrire de l’activité physique pour les patients en ALD. Les patients atteints de cancer sont évidemment concernés. Définie par la HAS en 2011 comme une thérapeutique non médicamenteuse et reprise dans le plan cancer III, l’activité physique adaptée (APA) pose encore bien des questions liées à son organisation, sa reconnaissance, sa labellisation et surtout son remboursement. Toutefois, elle entre de plus en plus dans les pratiques de soins de support et de prévention. Anne Malet (UNPHC, établissements privés ayant une activité de cancérologie) lors d’une session aux RCFR* décrit ses nombreux bienfaits pour les patients cancéreux.
Un tiers de cancers du sein et du côlon évitables
Comment l’activé physique peut-elle agir dans le développement des tumeurs ? « Elle permet un renforcement musculaire, une baisse de la masse adipeuse, une meilleure activité des hormones sexuelles, une réduction de l’insulinorésistance, une hausse de la fonction pulmonaire et une baisse des marqueurs inflammatoires. » Le Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC) http://www.wcrf.org/ a défini des principes autour de la prévention primaire liée à la pratique de l’APA. Un tiers à un quart des dix millions de cancers survenant chaque année seraient évitables, soit 30 % des cancers du sein et du côlon. Pour ces pathologies, une soixantaine d’études de cohortes ont montré que l’activité physique réduit leur survenue de 40 à 50 % des cas, indépendamment de l’évolution de l’IMC. Au final, le FMRC recommande trente à soixante minutes d’activité physique modérée à intense par jour pour obtenir une réduction du risque de cancer colique de 25 à 50 %. Une réduction de 25 % à 35 % de la sensation de fatigue survient lorsque les patients ont une APA en cours de traitement selon les types de cancers. Cette baisse est de 20 % pendant le traitement et de 40 % après. Dans le cancer du sein, l’activité physique a des effets positifs aussi bien après une chirurgie que pendant un traitement sous radiothérapie. Pendant les séances de chimiothérapie, l’APA entraîne une baisse des risques cardio-vasculaires. Pour l’hormonothérapie, l’activité physique a un rôle majeur et réduit les effets secondaires (bouffées de chaleur, prises de poids, etc.).
Baisse de 34 % des risques de décès dans le cancer du sein
Plusieurs études ont montré également une baisse de 34 % des risques de décès dans le cancer du sein, une baisse de 24 % du taux de rechute et un taux de survie globale fortement augmenté. Quel est le niveau d’activité physique adéquat ? Une APA intense réduit de 50 % les risques de décès du cancer du sein. Le bénéfice de survie est de 4 % à cinq ans et de 6 % à dix ans. Les freins éventuels sont liés aux douleurs des patientes, à leur état fonctionnel et psychologique. Les obstacles culturels tels que se montrer en T-shirt après une mastectomie sont nombreux. Les professionnels de santé ont un rôle important pour inciter les patients à pratiquer de l’activité physique. Ils doivent dépasser l’idée reçue que leurs patients doivent avant tout se reposer. L’APA se révèle un soin de support indispensable pour les patients.
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