Covid-19

La circulation d’Omicron accélère en France mais les admissions en soins critiques restent stables

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Publié le 07/01/2022
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Dans son premier point épidémiologique de l'année, Santé publique France décrit à la fois une forte accélération de la circulation du SARS-CoV-2 et une situation peu dégradée en soins critiques. Un phénomène qui pourrait s'expliquer par la propagation d'Omicron, très transmissible mais probablement moins pathogène que ses prédécesseurs.

Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est un tableau a priori « pas très réjouissant » que Santé publique France a brossé ce matin lors du décryptage de son premier point épidémiologique de 2022. Un bilan de situation qui fait état d’une « très forte progression de la circulation du SARS-CoV-2 » au cours de la dernière semaine des vacances scolaires.

2 % de la population française infectée en une semaine

En effet, la semaine dernière (semaine 52, du 27 décembre au 2 janvier), tous les indicateurs de circulation du virus ont augmenté. Par exemple, le taux de positivité des tests a enregistré une hausse de 8,4 points, atteignant « son plus haut niveau depuis le début de l’épidémie », résume Santé publique France dans un communiqué. Autre signe de l’accélération virale : l'augmentation – d’1,22 à 1,61 – du taux de reproduction effectif (R0) du virus.

Mais surtout, l’incidence corrigée a augmenté de près de 130 %, atteignant près de 2000 cas pour 100 000 habitants. Une dynamique relevée dans l’ensemble des régions métropolitaines, et particulièrement marquée dans certaines classes d’âge, à l’instar des 70-79 ans (+207 %) et des 80-89 ans (+212 %). Autrement dit, la semaine dernière, c’est « 2 % de la population » qui s’est avérée positive au Covid-19, calcule Didier Ché, épidémiologiste à Santé Publique France lors du décryptage presse organisé par l’instance.

Omicron gagne du terrain

Une tendance que l’agence de santé publique attribue à « la diffusion très rapide du variant Omicron », associée à une transmissibilité plus importante que ses prédécesseurs. De fait, comme le rappelle le point épidémiologique, Omicron présenterait « par rapport à Delta, […] un taux d’attaque secondaire deux à trois fois supérieur d’après les données du Royaume-Uni, de l’Afrique du Sud et du Danemark ».

Or, la semaine dernière, la proportion de tests criblés compatibles avec Omicron « a augmenté de manière importante », indique Santé publique France. Si bien qu’entre le 27 décembre et le 2 janvier, même si des disparités régionales sont à noter, près de trois quarts des prélèvements criblés se sont globalement avérés positifs à Omicron – contre 42 % la semaine précédente.

Pas de bond des admissions en soins critiques

Certes, cette situation apparaît inquiétante, en particulier « dans un contexte […] de circulation assez intense des autres virus hivernaux », souligne Didier Che. Cependant, l’épidémiologiste s’autorise tout de même « quelques petites pointes d’optimisme ». Car cette accélération sans précédent de la circulation virale ne s’accompagne pas d’une hausse aussi singulière de la pression hospitalière, notamment en réanimation. En effet, si la tension est réelle – au 4 janvier, 20 252 patients COVID-19 étaient hospitalisés –, « les admissions en soins critiques sont restées stables (- 3 %) », affirme Santé publique France.

Un phénomène probablement également lié à la diffusion d’Omicron, dont la pathogénicité pourrait s’avérer diminuée. C’est en tout cas ce qu’avaient suggéré des données sud-africaines publiées fin décembre. De plus, « les analyses préliminaires du Royaume-Uni, du Canada, des États-Unies et d’Israël suggèrent aussi un risque d’hospitalisation réduit pour Omicron par rapport aux autres variants (de 56 à 81 %) », détaille le point épidémiologique.

La pathogénicité potentiellement abaissée d'Omicron confirmée en France ?

D’ailleurs, en France, une analyse des 338 premiers cas confirmés par séquençage corrobore cette hypothèse d’une nocivité moindre d’Omicron. Car aucune hospitalisation en réanimation n'a été rapporté, résume Santé Publique France.

Ce constat rassurant reste toutefois à consolider, prévient Santé publique France, qui note un potentiel biais : la moyenne d’âge particulièrement basse de ces 338 individus infectés, ainsi plus rarement porteurs de facteurs de risque que la population générale. De plus, reste encore à s’assurer « que cette moindre sévérité (potentielle) va pouvoir plus ou moins compenser l’augmentation de la transmissibilité », explique Dider Che. Pour ce faire, des données sur l’évolution de la proportion de patients hospitalisés infectés par Omicron seraient en cours d’analyse et devraient être publiées prochainement.

Autre tendance qui mérite des investigations supplémentaires : la multiplication des hospitalisations d’enfants. Car si ces cas représentent « un nombre relativement stable parmi l’ensemble des cas hospitalisés », la vigilance est de mise en soins critiques, où une augmentation des admissions d'enfants principalement de moins de deux ans est enregistrée, affirme Isabelle Parent du Châtelet, responsable d’unité infections respiratoires et vaccinations à Santé publique France.


Source : lequotidiendumedecin.fr