Plusieurs mois après l’arrivée du variant Delta, c’est au tour d’un nouveau mutant, dénommé B.1.1.529, d’attirer l’attention de la communauté médicale et scientifique. Si bien que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) devait se réunir aujourd’hui autour de ce clone, qui pourrait rejoindre la liste des variants d’intérêt (VOI), voire des variants préoccupants (VOC), et ainsi être rebaptisé « Nu ».
Diffusion rapide
En effet, les données épidémiologiques liées à ce variant inquiètent.
Et pour cause : en Afrique du Sud, et en particulier dans la province de Gauteng, où il a été découvert cette semaine, « les cas détectés et le pourcentage de prélèvements positifs augmentent rapidement ». D'après l’Institut national contre les maladies transmissibles (NICD), « plus de 70 % des génomes séquencés à partir de prélèvements réalisés entre le 14 et le 23 novembre [appartiendraient] en fait à ce lignage ». Un article de Nature affirme même que le variant B.1.1.529 serait responsable de la totalité des 77 prélèvements réalisés à Gauteng entre le 12 et le 20 novembre.
Il aurait par ailleurs déjà commencé à se répandre hors de l’Afrique du Sud. Des cas auraient été enregistrés dans les pays voisins. Le B.1.1.529 aurait également été détecté bien au-delà des frontières de l’Afrique, notamment à Hong Kong, et même en Israël et en Belgique, premier pays d’Europe à se déclarer touché. « On a un cas qui est maintenant confirmé de ce variant. Il s'agit de quelqu'un qui venait de l'étranger, qui a été testé positif le 22 novembre [et] qui n'était pas vacciné », aurait annoncé le ministre belge de la Santé cet après-midi, selon l’AFP.
Certains scientifiques appellent toutefois au calme – invoquant un potentiel évènement de super-propagation.
De nombreuses mutations de la protéine Spike
Cependant, au-delà de cette cinétique de diffusion, les caractéristiques génétiques de ce variant semblent également alarmer les virologues. Car comme l’indique le NICD sud-africain, « cette lignée possède un grand nombre de mutations précédemment décrites chez des variants d’intérêt (VOI) ou préoccupant (VOC) du SARS-CoV-2 ». Il en partagerait en particulier certaines avec le variant Delta (particulièrement transmissible) ainsi qu’avec le variant Bêta (qui échappe le plus à l’immunité).
Ce variant présenterait par ailleurs d’autres mutations nouvelles notamment sur sa protéine Spike, au total relativement modifiée par rapport à celle des autres clones du SARS-CoV-2.
Un variant capable de mettre en échec les vaccins ?
Il pourrait donc s’avérer non seulement très transmissible, mais également capable d’échapper à l’immunité et ainsi aux vaccins. Il est toutefois encore trop tôt pour en avoir le cœur net. Par exemple, le laboratoire Pfizer/BioNTech, qui aurait déjà lancé des tests visant à estimer l’efficacité de son vaccin contre ce nouveau venu, attend de premiers résultats « au plus tard dans deux semaines ».
Autre inconnue : la sévérité des infections associées au B.1.1.529. Pour le moment, aucune alerte particulière n’a été émise sur ce point.
En fait, d’une façon générale, les données manquent encore pour déterminer les risques associés à ce nouveau venu. Dans cet esprit, un porte-parole de l’OMS aurait, d’après l’AFP, indiqué tout à l’heure qu’il faudra « plusieurs semaines » pour mieux le comprendre.
Les vols suspendus entre la France et 6 pays d'Afrique australe
Quoi qu’il en soit, de premières mesures visant à freiner la diffusion internationale de ce variant ont déjà été prises.
En particulier, après que le Japon a annoncé une quarantaine obligatoire pour les voyageurs de retour d’Afrique australe, la Commission européenne a proposé de suspendre les vols venant de la région. Une restriction notamment appliquée en France – où aucun cas n’a pour l’heure été annoncé. En effet, dans l’Hexagone, sont désormais suspendus « pour une durée minimale de 48 heures » les vols en provenance d’Afrique du Sud, du Lesotho, du Botswana, du Zimbabwe, du Mozambique et d’Eswatini. « Les personnes ayant voyagé au cours des 14 derniers jours dans l’un de ces pays sont [par ailleurs] invitées à se signaler aux autorités et à réaliser dans les meilleurs délais un test de dépistage RT-PCR », aurait indiqué Matignon à l’AFP.
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