Alors que le variant anglais (ou VOC B.1.1.7) représente désormais plus des 2/3 des cas de Covid recensés en France, de plus en plus d’arguments suggèrent que ce nouveau venu pourrait être non seulement plus transmissible mais aussi plus virulent.
Dans son point épidémiologique hebdomadaire du 11 mars, Santé publique France fait ainsi état pour la première fois d’une « suspicion d’augmentation de la sévérité des infections dues à ces variants ».
Une hypothèse soutenue notamment par l’apparente discordance entre l’évolution de l’incidence du Covid en France et celle des admissions en réanimation.
Alors que généralement, ces deux paramètres fluctuent globalement de façon parallèle, avec un décalage d’une dizaine de jours, « depuis janvier et la circulation des variants, la proportion de formes graves [admises en réanimation] a augmenté sensiblement dans plusieurs régions notamment en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ou en région PACA », a souligné Olivier Véran lors de son traditionnel point presse du jeudi soir.
L’incidence se stabilise mais les admissions en réanimation augmentent
Pour la semaine 09 (soit du 1er au 7 mars) Santé publique France rapporte « une stabilisation du nombre de nouveaux cas confirmés avec 147 699 nouveaux cas versus 150 037 en semaine 08, soit -2 % ». En parallèle, le nombre d’hospitalisation en réanimation « tend à augmenter depuis plusieurs semaines avec un taux hebdomadaire de nouvelles admissions de 3 pour 100 000 habitants en S09 contre 2,8 en S08 ».
Une hausse qui concerne essentiellement les 15-74 ans, les plus âgées « bénéficiant de l’effet protecteur de la vaccination ».
Ces évolutions « sont observées dans un contexte d’augmentation de l’incidence pour ces classes d’âge sur cette période », nuance SPF, mais « elles pourraient également refléter une augmentation de la sévérité des infections par les variants d’intérêt ».
Les sujets jeunes plus touchés ?
Alors que sur le terrain, des médecins réanimateurs ont récemment fait mention d’un possible rajeunissement des patients admis dans leurs services, s’accompagnant potentiellement d’une plus forte proportion de patients sans comorbidité, la question d’une virulence accrue du variant britannique, plus spécifiquement chez les sujets jeunes, a aussi été soulevée. Pour le moment « nous n’objectivons pas de surrisque chez les jeunes entre les différentes souches virales », a rassuré Olivier Véran.
En revanche, tous âges confondus, « plusieurs études internationales confirment notre observation à savoir que le variant serait responsable de plus de formes graves que le Covid-19 classique, ce qui expliquerait pourquoi, à niveau d’épidémie stabilisée, les réanimations se remplissent si vite », estime le ministre de la Santé.
Une mortalité potentiellement accrue de 64 % selon le BMJ
Une étude publiée mercredi dans le BMJ plaide notamment dans ce sens. Les auteurs se sont basés sur les données de 110 000 personnes testées positives hors hôpital entre octobre et janvier, qu’ils ont suivies durant 28 jours.
La moitié avait été infectée par le coronavirus classique, l’autre par le variant. Les chercheurs ont comparé la mortalité entre les deux groupes (141 décès vs 227), en prenant en compte certains facteurs comme l’âge, le sexe ou l’origine ethnique. Pour 1 000 cas détectés, le variant anglais provoquerait 4,1 décès versus 2,5 pour le coronavirus classique, soit une surmortalité de 64 %.
Le fait que les participants aient été testés hors hôpital peut être un biais puisque cela tend à sélectionner des cas à plus faible risque. Mais si ces conclusions peuvent être généralisées à l’ensemble de la population, le variant anglais « a le potentiel pour provoquer une mortalité supplémentaire conséquente » par rapport au virus classique, jugent les chercheurs.
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