C’est l’un des leviers annoncés jeudi soir par Olivier Véran pour accélérer le processus de vaccination anti-covid en France : alors qu’officiellement le vaccin Comirnaty de Pfizer doit s’administrer selon un schéma en 2 doses réalisées à 21 jours d’intervalle, « les autorités sanitaires françaises viennent de valider un principe important selon lequel il est possible sans risque et sans perte d’efficacité, de différer la deuxième injection jusqu’à 6 semaines au lieu de 3 », a indiqué le ministre de la Santé.
Dans un avis publié jeudi, l’ANSM estime en effet qu’au vu des données disponibles, « le délai d'administration de la seconde dose peut être envisagé entre 21 et 42 jours ».
Dans l’essai pivot du vaccin de Pfizer BioNTech, il a en effet été observé une efficacité clinique dès la première dose, comprise entre 85 % et 90 % selon le délai post-vaccinal considéré.
« Dans l’hypothèse acceptable que la protection induite par une dose ne s’effondre pas brutalement au-delà de 21 jours, [ces résultats] sont en faveur de la possibilité de report en certaines circonstances (besoin logistique, pénurie) », juge l’agence du médicament. Cependant, « la durée de la protection clinique atteinte après une première dose n’est pas connue et ne pourrait pas être garantie au-delà de la fenêtre d’administration retenue dans le protocole d’étude (19-42 jours) ».
Maintenir la seconde dose
Cette flexibilité devrait permettre « de disposer de davantage de doses disponibles tout de suite », s’est félicité Olivier Véran.
Elle ne permet pas en revanche de s’affranchir de la seconde dose. Selon les données d’immunogénicité disponibles, les titres d’anticorps neutralisants augmentent en effet de façon importante avec la deuxième dose (effet rappel), pour atteindre des taux plus de 15 fois supérieurs à ceux atteints 21 jours après la première dose. Ce qui « montre l’intérêt de l’administration d’une seconde dose pour installer une mémoire immunitaire », souligne l’avis de l’ANSM. Il est donc « nécessaire de maintenir l'administration de deux doses de vaccins aux personnes vaccinées ».
Par ailleurs, s’il peut être allongé, le délai entre deux injections ne doit pas être raccourci rappelait récemment la HAS dans ses recommandations.
À noter enfin que cette dérogation ne concerne pour le moment que le vaccin de Pfizer. Pour celui de Moderna, qui devrait être disponible en France dès la semaine prochaine, l'ANSM ne s'est pas encore prononcée. Cependant, « en vaccinologie, il n’y a pratiquement jamais de problème à espacer les doses car il existe déjà une immunité induite par la première dose, a rappelé le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, lors d'une conférence de presse. On peut donc très probablement aller jusqu’à 42 jours voire deux mois ».
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