Alors que tous les yeux sont tournés vers la vaccination anti-Covid-19, la HAS refocalise l’attention sur les autres recommandations vaccinales avec la parution du traditionnel calendrier vaccinal.
Cette édition 2021 met notamment l’accent sur la nécessité de rattrapage pour les personnes passées à travers les mailles du filet pendant la crise sanitaire. Pointant une « diminution importante du nombre de vaccins délivrés » pendant la période de confinement strict du printemps dernier, « y compris chez les nourrissons », la HAS invite « à vérifier systématiquement le statut vaccinal de l’ensemble (des) patients, afin de saisir toute opportunité d’effectuer, le cas échéant, un rattrapage vaccinal ».
Au-delà de cette problématique du rattrapage, peu de nouveautés marquantes. Sans surprise, la HAS entérine la vaccination contre les papillomavirus humains en population masculine. Ainsi la vaccination anti-HPV des garçons via le Gardasil®9, en vigueur depuis le début de l’année, est-elle actée dans le calendrier vaccinal pour les adolescents de 11 à 14 ans selon un schéma à 2 doses (M0-M6), et en rattrapage chez les jeunes hommes de 15 à 19 ans, selon un schéma en 3 injections (M0, M2, M6).
Autre évolution : l’arrivée de deux nouveaux vaccins. Le premier est le vaccin antigrippal quadrivalent à haute dose Efluelda®, indiqué chez les plus de 65 ans et dont l’équivalent américain (Fluzone®High Dose) « a été mis à disposition pour la campagne 2020-2021 dans le cadre du stock d’État », rappelle la HAS. Le second est le vaccin anti-méningococcique quadrivalent (sérogroupes A, C, W et Y) MenQuadfi®.
La HAS revient par ailleurs sur l’extension de l’obligation vaccinale, en proposant le premier bilan complet « de la première année de la mise en œuvre de cette réforme ». Résultat : la mesure semble avoir porté ses fruits, une augmentation des couvertures vaccinales « pour tous les vaccins » ayant été enregistrée chez les enfants nés en 2018 par rapport à ceux nés en 2017. Par exemple, la HAS note, entre les deux cohortes de naissance, une augmentation de la couverture vaccinale contre le méningocoque C de 35,5 à 75,8 % pour la première dose, et d’1,4, 1,8, et 6,3 points pour les vaccins contre la rougeole (première dose), le pneumocoque (troisième dose) et l’hépatite B (troisième dose).
Trois questions au Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS
Le recul des vaccinations observé pendant le confinement est-il vraiment inquiétant ?
Pr Élisabeth Bouvet : D’après l’enquête EPI-PHARE, une baisse de 35 à 71 % des vaccinations a été enregistrée au printemps dernier. La HAS a rapidement alerté sur le phénomène, en insistant surtout sur la vaccination des sujets très fragiles et des jeunes enfants. Pour les adultes sans facteur de risque, la nécessité de se faire vacciner de façon rapide apparaît moins impérieuse. D’autant que ce trou de vaccinations semble bien limité à trois mois. De plus, du fait des confinements répétés, la circulation des agents infectieux a temporairement chuté.
Alors que certains médecins plaident pour une évolution des recommandations vaccinales contre les méningites, celles-ci restent inchangées. Pourquoi ce statut quo ?
Pr É. B. : Nous comptons bien nous pencher sur les indications et les positionnements des vaccins anti-méningococciques en France, ce qui nous mènera peut-être à modifier la stratégie vaccinale. Un premier avis, qui suggérait notamment de ne pas modifier les recommandations vaccinales pour le méningocoque B, a été soumis dernièrement à une consultation publique. Le débat porte sur le fait que si actuellement, le méningocoque ne circule pas, on ne sait pas comment et avec quelles souches il pourrait revenir après la levée des mesures de freinage. Dans ce contexte, une plus grande place pourrait être accordée aux vaccins tétravalents.
La vaccination contre le Covid-19 pourrait perdurer, pourquoi ne pas l’avoir intégrée au calendrier 2021 ?
Pr É. B. : La situation vis-à-vis de la vaccination anti-Covid-19 est très mouvante. D’ailleurs, la quantité d’avis publiés par la HAS depuis le lancement de la campagne de vaccination témoigne des nombreuses évolutions des populations cibles, des vaccins disponibles, etc. Et beaucoup d’inconnues persistent encore, comme la vaccination des enfants ou la nécessité d’effectuer un rappel à l’automne. Ainsi, il ne nous paraît pour l’instant pas raisonnable d’inscrire la vaccination contre le Covid-19 dans le marbre du calendrier. Toutefois, je pense que la Commission technique des vaccinations devrait pouvoir présenter des recommandations plus assurées à la fin de l’été.
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