Pour lutter contre l'antibiorésistance, l’Académie nationale de médecine prône la manière forte. Dans un rapport rendu public ce vendredi, l’institution appelle à « limiter le remboursement des traitements antibiotiques curatifs à 7 jours en médecine de ville », en l’absence d'éléments justifiant une prolongation au-delà.
60 à 80 % des prescriptions prolongées au-delà des durées recommandées
« Nous disposons de données probantes qui montrent que des durées d’antibiothérapie inférieures à 7 jours permettent de guérir la très grande majorité des infections traitées en ville et même à l’hôpital [… ]. Or les durées des prescriptions restent trop longues malgré les recommandations présentes, » justifient les sages de la rue Bonaparte. Dans les infections respiratoires hautes et basses, qui représentent les 2/3 des prescriptions en ville et une part importante des prescriptions hospitalières, 60 à 80 % des prescriptions seraient ainsi « prolongées au-delà des durées recommandées », selon l’Académie.
Forte de ce constat, l’institution « recommande fortement la mise en œuvre de cette mesure qui doit permettre de réduire la consommation d'antibiotique de 30 % et de ramener la France au niveau de consommation moyenne des autres pays Européens ».
Selon l’Académie, « le déremboursement en cas de durée excessive a montré son efficacité en Belgique au début des années 2000 dans ce domaine ».
Renforcer la ROSP
La volonté de réduire les durées des antibiothérapies n’est pas nouvelle, même si l’impact exact de cette mesure sur l’antibiorésistance reste à préciser. Déjà en 2015, le rapport Carlet pour la préservation des antibiotiques avait évoqué la question en proposant de « limiter la durée de la première prescription d’antibiotiques à 7 jours ». En 2016, la HAS et la Spilf ont publié des fiches mémos entérinant des durées de traitement maximum de 7 jours pour les infections les plus fréquentes (rhinopharyngite et angine aiguë, sinusite, otite, et trois fiches mémos sur les infections urinaires chez la femme) et de nouvelles recommandations sur les durées d’antibiothérapie avaient été anoncées pour 2020.
Pour favoriser le bon usage des antibiotiques, le rapport propose aussi de « renforcer les mesures de rémunération sur objectifs de santé publique portant sur la prescription antibiotique ».
L'Académie recommande également « de généraliser l'aide à la prescription des antibiotiques à l'hôpital et en ville » en renforçant notamment l'enseignement sur ce sujet et en créant un centre régional de conseil à destination des praticiens de ville .
Elle préconise par ailleurs « d’autoriser les infirmières à réaliser les tests rapides d'orientation diagnostique » et appelle à « rendre obligatoire la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière pour les personnels soignants », cette vacination contribuant « à réduire la résistance aux antibiotiques en évitant des millions de traitements antibiotiques appropriés ou non ».
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