D’après une nouvelle étude portant sur plus de 9 000 enfants suivis pendant 25 ans, l’exposition précoce à la pollution de l’air et au bruit durant la grossesse et l’enfance est associée à une plus grande probabilité de développer des troubles psychiatriques à l’adolescence. Ces résultats sont publiés ce 28 mai dans le Jama Network Open. Les chercheurs britanniques ont mesuré la prévalence de trois troubles psychiatriques (psychotiques, anxieux et dépressifs), à 13, 18 et 24 ans en ciblant des populations ayant vécu en milieux urbains, périurbains et ruraux et en privilégiant les enfants ayant grandi dans le même environnement de la naissance jusqu’à 12 ans.
La pollution de l’air serait corrélée à un surrisque de développer des troubles psychotiques (hallucinations subcliniques et délires) pour une exposition à un taux élevé de particules fines PM2,5 au cours de la grossesse et de l’enfance, avec un odds ratio ajusté de 1,11 et 1,09 respectivement. Elle serait aussi associée à une hausse des troubles dépressifs pour une surexposition aux PM2,5 seulement durant la grossesse (aOR de 1,10). L’étude identifie aussi un effet de dose important avec 10 % de risque supplémentaire pour chaque augmentation de 0,72 µg/m3 de PM2,5. Ce résultat est particulièrement marquant alors qu’une précédente méta-analyse évaluait l’effet de dose par seuil de 10 µg/m3. « Il s'agit d'une préoccupation majeure, car la pollution de l'air est aujourd'hui une exposition courante et les taux de problèmes de santé mentale augmentent dans le monde », souligne la Dr Joanne Newbury, chercheuse à l’Université de Bristol et première autrice.
Troubles anxieux associés à la pollution sonore
De son côté, la pollution sonore subie de l’enfance jusqu’à 12 ans serait liée à l’augmentation des troubles anxieux, en augmentant le stress et en perturbant le sommeil. La corrélation entre pollution sonore et troubles anxieux se caractérise par un aOR de 1,19 pour une exposition durant l’enfance et de 1,22 pour une exposition à l’adolescence. Cela pourrait peser sur les fonctions physiologiques, endocrinologiques et cognitives des adolescents, d’après les auteurs de l’étude.
Le Pr Martin Clift, professeur de sciences biomédicales à l’Université de Swansea, estime, sur le site Science Media Center, que la publication « met en évidence le besoin de considérer les conséquences sur la santé de l’exposition à différentes formes de pollution, au-delà de leur impact physique. » La survenue de ce type de troubles à l’adolescence, actuellement en augmentation, influence souvent la psychopathologie future. De plus, l’exposition précoce à ces pollutions est particulièrement dommageable lors du développement cérébral et des processus épigénétiques survenant durant la grossesse et l’enfance. La pollution de l’air influerait d’ailleurs sur la croissance fœtale et la prématurité, qui sont aussi des facteurs de risque pour la psychopathologie. Si la corrélation a été établie, il reste encore à identifier les liens de causalité entre la santé mentale et les différents types de pollution, en réalisant des études approfondies sur des populations variées.
En Île-de-France, 38 % des communes sont surexposées à la pollution de l’air et au bruit
Les Franciliens sont particulièrement exposés aux problématiques de la pollution de l’air et au bruit. Quelque 38 % des communes d’Île-de-France, soit 487, voient plus de la moitié de leur population exposée simultanément à une qualité de l’air dégradée et à des niveaux importants sonores, d’après une nouvelle cartographie élaborée par Airparif et Bruitparif. Dans Paris et la petite couronne, la coexposition air-bruit est particulièrement élevée, surtout à proximité des axes routiers et dans les communes proches d’aéroport. Au total, 80 % de la population d’Île-de-France est surexposée à la pollution sonore et de l’air par rapport aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
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