La recherche de nouveaux traitements du Covid-19 continue. En témoigne un essai clinique prometteur publié le 9 février dans le New England Journal of Medicine (NEJM) et conduit avec une cytokine antivirale : l’interféron lambda, testé en traitement précoce chez des patients Covid à haut risque de forme sévère.
« L’identification de thérapies antivirale pratiques, largement disponibles et efficaces contre le Covid-19 (reste) de haute importance », rappellent les auteurs de la présente étude. Et pour cause : le nirmatrelvir-ritonavir (Paxlovid), antiviral indiqué en première intention, reste contraignant (traitement très précoce) et associé à de nombreuses contre-indications et interactions médicamenteuses.
Compenser un déficit en cytokines naturelles
Dans ce contexte, les chercheurs se sont intéressés à une cytokine à action antivirale : l’interféron lambda.
Le rationnel est simple. Alors que, comme le rappellent les auteurs, « dans les cellules infectées, le SARS-CoV-2 induit une expression affaiblie (de certains interférons), (normalement) impliqués dans une des premières lignes de défense aux infections des voies respiratoires hautes », l’idée est de compenser ce déficit par un apport d’interféron exogène et ainsi de restaurer l’immunité antivirale.
Leur choix s’est alors porté sur l’interféron lambda – sous forme pégylée. La particularité de cet interféron concerne son tropisme pour les cellules des poumons. De plus, « l’interféron lambda pégylé présente un large spectre d’activité antivirale, (objectivé) dans diverses cultures cellulaires, plusieurs modèles animaux, et en conditions cliniques », expliquent les auteurs. La molécule aurait déjà été testée sur un total « de plus de 4 000 patients », d’abord contre les hépatites B, C ou D, mais aussi contre le Covid-19. Dans cette indication, deux essais de phases 2 ont déjà montré un effet encourageant sur la charge virale, plaident les chercheurs. Le traitement semblait par ailleurs actif, certes, par voie sous-cutanée, mais surtout en dose unique. Ainsi, les auteurs ont voulu évaluer l’activité clinique de la cytokine.
Baisse de 50 % du risque d'hospitalisation
Pour ce faire, ils ont lancé au Brésil et au Canada un essai clinique de phase 3. En pratique, ont été recrutés près de 2000 adultes, vaccinés contre le Covid-19 pour plus de 80 % d’entre eux, et présentant des symptômes depuis moins de 7 jours ainsi qu'un haut risque de forme sévère - ou des signes de gravité. Ces participants ont reçu soit un traitement unidose par interféron lambda pégylé en injection sous-cutanée, soit un placebo.
Résultat : l’interféron lambda semble associé à un moindre risque d’évolution vers une forme plus grave de Covid-19. « L’incidence des hospitalisations et des consultations aux urgences était significativement moindre parmi ceux qui avaient reçu une dose unique d’interféron lambda que chez ceux qui avaient reçu un placebo », soulignent les auteurs. Seuls 2,7 % des patients du groupe interventionnel ont dû s’orienter vers l’hôpital en lien avec une aggravation de leur infection versus 5,6 % dans le bras placebo, soit une différence de 51 %, soulignent les auteurs.
Cette efficacité augmenterait avec la précocité du traitement. De fait, la réduction du risque d’hospitalisation associée au traitement approchait 90 % chez les patients – non vaccinés – traités dans les trois jours après le début de leurs symptômes.
Efficacité indépendante des variants du SARS-CoV-2
De plus, l’activité du traitement ne semble pas dépendante des clones du SARS-CoV-2 en présence. Et ce, alors que « de multiples variants du SARS-CoV-2 ont émergé pendant l’essai », notent les auteurs. Ce qui pourrait s'expliquer par la cible du traitement, dirigé vers les cellules des voies respiratoires et non contre le virus.
Toutefois, l’interféron ne permettrait pas de répondre à un besoin de prophylaxie pré-exposition de l’infection à SARS-COV-2, non couvert depuis la mise en échec d’Evusheld par les nouveaux variants du SARS-CoV-2.
En outre, l'interféron lambda resterait un traitement à administrer le plus précocement possible, moins aisément maniable qu'un traitement par voie orale.
Enfin, ce nouveau médicament pourrait s'avérer particulièrement sensible aux difficultés d’approvisionnement. C’est en tout cas ce que suggèrent les auteurs de l’étude, qui soulignent – sans plus de précision toutefois – que deux périodes d’interruption de la supply chain des médicaments ont été enregistrées pendant l’essai.
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