Quelques mois après le début de l’épidémie de variole du singe, des données commencent à émerger sur les effets du tecovirimat chez les patients. Ainsi, un groupe de cliniciens américains rapporte dans un article du Journal of the American Medical Association (JAMA) publié le 22 août l'utilisation de ce traitement étiologique chez vingt-cinq malades.
Pour rappel, le traitement de la variole du singe est principalement symptomatique. Cependant, fin mai, dans un avis relatif à la conduite à tenir face à un cas de Monkeypox, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) a ouvert la voie à l’utilisation d’un antiviral antivariolique : le tecovirimat (TPOXX®), disponible sous forme de gélules de 200 mg. Selon l’instance, le traitement peut être envisagé en première intention en cas de forme grave ou de facteur de risque de forme sévère – soit en particulier chez les immunodéprimés (dont les personnes VIH +) et les enfants (de plus de 13 kg).
Un traitement autorisé sur la base de données très préliminaire
D’un point de vue réglementaire, le tecovirimat dispose depuis janvier 2022 d’une AMM européenne octroyée sous circonstances exceptionnelles dans le traitement des orthopoxviroses telles que la variole ou la variole du singe. Et en France, le médicament est autorisé « à titre dérogatoire dans le traitement des personnes infectées par le Monkeypox » depuis le 24 juin et la parution d’un décret sur le sujet.
Cependant, toutes ces recommandations et autorisations ne sont fondées que sur des données expérimentales très préliminaires. « À ce jour, il n’existe pas de données d’efficacité chez l’Homme dans les orthopoxviroses », indiquait le HCSP dans son avis du mois de mai. En fait, en termes d’efficacité, les seules données disponibles relèvent de données précliniques issues de modèles animaux. Et concernant la sécurité du traitement, seuls des essais cliniques de phase 1 et 2 – conduits auprès de quelques sains – permettent d’évoquer un « profil de tolérance favorable ».
Un profil de tolérance qui semble rassurant
Malgré ce manque de données, tandis que le monkeypox continue de se répandre en France et dans le monde, des cliniciens proposent ce traitement à leurs patients… et commencent à partager leurs observations. C’est le cas d’une équipe californienne, qui a utilisé le traitement chez 25 patients présentant une infection à monkeypox symptomatique – avec des symptômes généraux et surtout des lésions douloureuses, situées en zone génitale ou périanale dans 92 % des cas – confirmée par PCR. Plus précisément, ces patients, qui étaient tous des hommes d’un peu plus de 40 ans d’âge médian, ont suivi le traitement pendant 14 à 21 jours en fonction de leur état clinique. « Nous avons (alors) évalué les événements indésirables et la résolution clinique des symptômes systémiques et des lésions (à j7 et j21 après le début du traitement N.D.L.R.) dans une étude de cohorte non contrôlée », expliquent les auteurs.
Résultat : « dans cette étude préliminaire, le traitement oral par tecovirimat a été bien toléré par tous les patients atteints d’une infection à monkeypox, avec des effets indésirables minimes », s’enthousiasment les cliniciens. Aucun patient n’aurait abandonné le traitement pour cause d’effets indésirables. « Cependant, les effets indésirables n’ont pas toujours pu être différenciés des symptômes associés à l’infection », admettent les auteurs, qui décrivent surtout de la fatigue, des céphalées, des troubles digestifs ou des démangeaisons.
Pas de conclusion possible concernant l'efficacité du traitement
Concernant l’efficacité du traitement, les auteurs ne se risquent pas à avancer de conclusion. « Aucun groupe contrôle n’a été inclus, ce qui limite les conclusions concernant l'efficacité antivirale vis-à-vis de la durée des symptômes ou de leur gravité », reconnaissent les auteurs. À noter par ailleurs que le traitement a été initié relativement tard (en moyenne 12 jours après le début des symptômes), ce qui pourrait avoir affecté son efficacité.
Au total, si cette série de cas réduite et à la méthodologie imparfaite ne permet pas de s'assurer des performances exactes du traitement, elle semble plutôt plaider pour un profil de tolérance rassurant. En attendant des études cliniques plus rigoureuses.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation