À l’approche de la journée mondiale contre le cancer le 4 février, l’Institut Curie et son collaborateur, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), ont annoncé le lancement opérationnel du projet Frathea (pour Flash Radiation THerapy Electron Acceleration). Ce dernier a l’ambition de construire sur le site de l’Institut Curie à Orsay (Essonne) d’ici à 2028 un irradiateur de faisceaux d’électrons de très hautes énergies (VHEE) afin de lancer les premiers essais cliniques chez des patients atteints de cancers de mauvais pronostic.
La radiothérapie Flash utilise aujourd’hui des électrons ou des protons pour irradier en moins d’une seconde avec des rayons très intenses des zones localisées en épargnant les tissus sains alentours. Cependant, les particules utilisées ne permettent pas d’atteindre des tumeurs en profondeur. La radiothérapie Flash-VHEE délivrera des VHEE avec un rayon 10 à 15 fois plus intense que la radiothérapie classique et pourra atteindre des tumeurs jusqu’à 20-30 cm de profondeur. « Les VHEE sont étudiés depuis longtemps avec des données de sûreté », a expliqué le Pr Gilles Créhange, chef du département de radiothérapie de l’Institut Curie et coordonnateur du projet Frathea, en conférence de presse.
Une « technologie de rupture »
Décrite par les dirigeants de l’Institut Curie et du CEA, respectivement le Pr Alain Puisieux et François Jacq, comme une « technologie de rupture », la radiothérapie Flash-VHEE ouvre « une nouvelle ère pour la radiothérapie Flash » puisqu’elle souhaite s’attaquer à des cancers pour lesquels les traitements actuels sont peu efficaces, en réduisant les séquelles des thérapies anti-cancéreuses et en diminuant la durée et la fréquence des séances de radiothérapie. « Nous commencerons par les cancers du cerveau, du poumon, du pancréas pour lesquels il n’y a pas eu de progrès thérapeutiques depuis plusieurs années, ainsi que les cancers de l’enfant », a détaillé le Pr Créhange.
L’année 2025 marque le lancement de la phase opérationnelle, l’appel d’offres étant en cours pour sélectionner d’ici à l’été le partenaire industriel pour la construction et l’installation de l’irradiateur Flash-VHEE. Ainsi, l’institut espère disposer de l’appareil d’ici à 2028 afin de commencer les premiers essais cliniques. « Cette étape est cruciale pour le projet Frathea puisqu’elle mènera la radiothérapie Flash-VHEE jusqu’au patient. Nous espérons avoir de premiers résultats dans 5 ans minimum », projette le Pr Créhange. En attendant, les explorations précliniques de Flash-VHEE permettront de développer des méthodes de dosimétrie pour contrôler la dose délivrée et d’en démontrer la sûreté et l’efficacité auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
Amener l’innovation dans le soin
Déplorant le clivage entre la recherche et le soin, ainsi que le défaut d’investissement dans les structures de recherche, le président du directoire de l’Institut Curie, le Pr Alain Puisieux, s’est réjoui de cette innovation de pointe. « Notre ambition est de faire naître une dynamique industrielle de rupture au cœur d’un pôle francilien scientifique et médical unique en Europe et de transformer notre engagement en une réalité clinique pour les patients », a-t-il déclaré.
Une volonté partagée par France 2030 et la région Île-de-France, qui soutiennent le projet à hauteur de 37 millions d’euros et souhaitent faire de la région l’un des acteurs de premier plan dans la conception et le déploiement d'équipements innovants de radiothérapie. « Le projet Frathea s’inscrit dans les priorités de l’Île-de-France de devenir un hub d’innovation au niveau national et international. C’est une région de recherche et d’innovations avec une forte concentration d’entreprises innovantes en santé, dont en oncologie, et de centres de recherche, notamment avec le campus Paris-Saclay, l’Institut Curie, Gustave Roussy et le réseau AP-HP, s’est enthousiasmée Alexandra Dublanche, vice-présidente chargée de la relance de l’attractivité, du développement économique et de l’innovation de la région Île-de-France. Nous soutenons ce projet, car il est porteur d’espoir pour les patients qui n’ont plus de solutions ». « L’installation de notre plateforme Flash-VHEE au plus près des patients, au cœur même d’un site hospitalier, rend ce projet unique au niveau mondial », a complété le Pr Stephen Le Gouill, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie.
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