Le candidat vaccin intranasal français pourrait conserver son efficacité au fil des mutations de la protéine Spike et de l’émergence de nouveaux variants. C’est ce que suggèrent de nouvelles annonces de l’Inrae et de l’Université de Tours, à l’origine de ce vaccin expérimental.
Un vaccin muqueux capable de prévenir la transmission du SARS-CoV-2
Pour rappel, en septembre, de premiers résultats d’essais précliniques prometteurs avaient déjà été communiqués. Ils montraient que deux instillations par voie nasale pouvaient induire une réponse immunitaire humorale et cellulaire, au niveau général et muqueux suffisante pour garantir, chez l’animal (souris), une protection de 100 % vis-à-vis des formes symptomatiques de Covid-19. Avait de plus été mise en évidence la capacité du vaccin à prévenir, chez le hamster, la transmission du virus.
Cependant, alors que face à la diffusion de nouveaux variants associés à une moindre efficacité des vaccins, les autorités sanitaires s’interrogent quant au futur des campagnes de vaccination, restait encore à tester la résistance du vaccin intranasal aux mutations. Sachant que ce candidat sous-unitaire non adjuvanté, constitué à la fois de la protéine Spike mais également d’autres antigènes viraux non sujets aux mutations, présente théoriquement le potentiel de devenir un vaccin universel du Covid-19, à l'efficacité conservée face aux différents variants du SARS-CoV-2.
Des études in vitro et chez l'animal concluantes
Pour le vérifier, « nous avons testé dans un premier temps in vitro les capacités neutralisantes de notre vaccin vis-à-vis non seulement de la souche Bêta mais également de la souche Delta », rapporte Isabelle Dimier-Poisson, responsable de l’équipe de recherche BioMAP Inrae-Université de Tours en charge du projet. Une expérience à l’issue de laquelle aurait été observée une « très forte [activité] neutralisante des anticorps induits par [le] vaccin vis-à-vis de ces deux souches virales mutantes ».
Ces performances se seraient vérifiées in vivo, chez l’animal. « En modèle préclinique hamster, et après infection avec la souche Delta, nous avons observé que deux immunisations par voie nasale à 3 semaines d’intervalle protègent de l’infection pulmonaire : [nous avons observé] une absence totale de charge virale dans les poumons, et surtout […] une absence d’inflammation pulmonaire pathogénique », résume le Pr Dimier-Poisson.
À l’heure actuelle, les chercheurs tourangeaux évalueraient les performances de leur vaccin vis-à-vis d’Omicron. « Les résultats de neutralisation seront obtenus ces prochains jours, et des tests précliniques de contagiosité sont en cours de développement », affirme le Pr Dimier-Poisson, confiante quant à l’issue de ces tests. « L’apport dans notre vaccin de protéines inductrices de fortes réponses immunitaires et qui ne mutent pas quels que soient les variants nous permet de prédire une très bonne efficacité. »
Des essais cliniques prévus en 2022
Ainsi, des essais cliniques sont prévus pour la fin de l’année. Et ce, d’abord en France, où pourrait être évaluée « la supériorité du vaccin en termes de boost muqueux », explique Isabelle Dimier-Poisson. En effet, alors que la couverture vaccinale anti-Covid-19 apparaît élevée dans l’Hexagone, le vaccin nasal pourrait surtout être utilisé comme un rappel, possiblement annuel.
« Des réflexions seront également menées pour une utilisation dans des pays où l’accès aux vaccins Covid ne se fait [pour le moment pas] ». Dans ces régions, en effet, le candidat vaccin – qui peut d'ailleurs se conserver facilement, à 4 °C voire à température ambiante – pourrait être testé et utilisé dès la primovaccination selon un schéma à 2 administrations espacées de 3 semaines.
Une mise sur le marché estimée pour fin 2023-début 2024
En vue de ces essais voire d'une mise sur le marché, estimée pour fin 2023-début 2024, des dispositifs d’administration prometteurs auraient été identifiés. De plus, des étapes de production des constituants du vaccin selon les bonnes pratiques de fabrication auraient débuté.
Mais surtout, l’Université de Tours et l’Inrae auraient concédé à la start-up française LoValTech, tout juste créée, « une licence exclusive d’exploitation mondiale du brevet portant sur [leur] vaccin » . Et ce, à la condition que le vaccin soit dans le futur proposé aux termes « les plus accessibles et les moins [onéreux] possibles », précise l'Inrae.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation