Depuis quelques années, les patients en oncologie digestive changent de profil. Dans certains centres experts, les sujets jeunes (20 à 49 ans) peuvent désormais représenter un tiers, voire la moitié, des patients hospitalisés, comme à Gustave-Roussy. Aux États-Unis, les patients jeunes représentent 20 % des cas de cancers du côlon, contre 11 % en 2011.
Le rajeunissement des patients touchés par le cancer reste sans explication formelle, les formes héréditaires et l’histoire familiale n’expliquant pas l’augmentation. Une différence de localisation est relevée, avec une tendance aux tumeurs du rectum et du côlon gauche chez le jeune. La présentation clinique est classique, mais avec une propension à une sévérité plus marquée, avec des cancers plus souvent métastatiques et des caractéristiques plus agressives, en raison d’un retard diagnostique de quelques mois. En première intention, une anémie chez une femme sera plutôt imputée aux menstruations et des saignements digestifs feront évoquer des hémorroïdes.
L’absence d’histoire familiale ne doit pas faire exclure l’hypothèse d’un cancer. « Il faut savoir que cela existe et ne pas ignorer les symptômes comme la perte de poids inexpliquée, l’anémie persistante ou les douleurs récidivantes, sans aller jusqu’au scanner d’emblée évidemment. Les médecins traitants sont dans une situation délicate, ils doivent faire la part des choses et choisir quand s’inquiéter », complète la Dr Alice Boilève, oncologue digestive à Gustave-Roussy. Traiter des sujets jeunes implique des choix de prise en charge en prenant en compte la fertilité, les projets de grossesse, les séquelles fonctionnelles…
À Gustave-Roussy, le projet Yoda s’attache à rechercher les origines multifactorielles des cancers digestifs du sujet jeune et vise à définir quelles actions peuvent être mises en œuvre pour en diminuer l’incidence. Ce programme propose un profilage moléculaire de la tumeur ainsi qu’une consultation de génétique, même sans histoire familiale.
Wang S et al. The Lancet Gastroenterology & Hepatology 2024. DOI : 10.1016/S2468-1253(23)00366-7
Patel VR et al. Ann Int Med 2024. DOI : 10.7326/ANNALS-24-0063
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