L’incidence des symptômes liés directement à l’arrêt des antidépresseurs s’élève à 15 %, soit un patient sur sept, d’après une nouvelle méta-analyse publiée dans le Lancet Psychiatry. Ces résultats remettent en cause les précédentes estimations qui s’élevaient aux alentours de 50 %, avec près de la moitié de symptômes sévères. « Le corps médical continue à tenir des positions discordantes sur l’incidence et la sévérité des symptômes à l’arrêt des antidépresseurs », lit-on dans l’article.
Ce travail se penche sur 100 essais cliniques incluant plus de 20 000 patients, dont 16 000 traités par antidépresseurs et 4 500 par placebo, avec 72 % de femmes. Les symptômes à l’arrêt des antidépresseurs étant hautement variables et non spécifiques, les auteurs de l’étude se sont concentrés sur les plus fréquents : vertiges, maux de tête, nausées, insomnie et irritabilité. L’analyse rapporte qu’un tiers des patients ayant arrêté la prise de leur médicament a présenté au moins un symptôme. Toutefois, sur ces 31 %, la moitié était des patients sous placebo. La survenue de symptômes directement liés à l’arrêt des antidépresseurs n’est donc que de 15 %. Les autres réactions sont induites par un effet nocebo ou des symptômes non spécifiques, pouvant arriver en tout temps dans la population générale.
Du fait de la variabilité des protocoles dans les essais cliniques inclus, on n’observe pas de différence entre un arrêt dégressif et un arrêt brutal des médicaments sur la survenue de symptômes. Toutefois, les chercheurs recommandent de mener des études sur l’influence de la dégressivité sur l’incidence et la sévérité des symptômes.
Imipramine, paroxétine, venlafaxine à surveiller
Les chercheurs évaluent la survenue d’effets indésirables sévères à 3 % des patients qui rencontrent des symptômes d’arrêt. Plusieurs molécules sont corrélées à une plus forte sévérité des symptômes. Il s’agit de l’imipramine, de la paroxétine, de la venlafaxine et de la desvenlafaxine (non disponible en France). Ces mêmes médicaments, ainsi que l’escitalopram, sont aussi associés à une plus grande fréquence de survenue de symptômes, à l’inverse de la fluoxétine et la sertraline, qui en sont moins pourvoyeuses.
L’article est commenté par Glyn Lewis and Gemma Lewis de l’University College de Londres. S’ils en nuancent les résultats en soulignant la difficulté de distinguer les symptômes d’arrêt et la rechute, ils appuient sur la portée des conclusions tirées pour la pratique : « En clinique, nous devons être prudents lorsque nous déduisons qu'un symptôme est lié à l'arrêt du médicament. » La reprise du traitement est nécessaire en cas de rechute mais non justifiée s’il s’agit d’un effet nocebo de l’arrêt médicamenteux.
Pour autant, Christopher Baethge, chercheur à l’université de Cologne, rappelle aux médecins qu’il ne faut pas négliger les symptômes : « Nos résultats n'impliquent pas que certains symptômes ressentis par les personnes lors de l'arrêt des antidépresseurs ne sont pas “réels”. Tout symptôme qui provoque une gêne ou une détresse chez le patient doit être pris au sérieux et le patient doit être soutenu ». Le chercheur recommande d’engager une conversation avec le patient autour de la balance bénéfice/risque et de déterminer quels symptômes sont dus à l’arrêt des médicaments et lesquels proviendraient plutôt d’un effet nocebo.
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