Covid-19 : le confinement pas anodin pour la santé mentale des étudiants

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Publié le 30/10/2020
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Les résultats d'une vaste enquête* conduite auprès d'étudiants universitaires français que vient de publier Jama Network, montre combien les troubles de santé mentale ont été fréquents dans cette population durant le premier confinement. À l'initiative du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, 82 universités ont contacté environ 1,6 million d'étudiants pour répondre à une enquête via internet. Au total, un peu plus de 4 % des étudiants, soit 69 054 jeunes, y ont répondu, durant le confinement entre le 17 avril et le 4 mai dernier.

Différentes échelles d'évaluation ont été utilisées pour analyser l'état de santé psychique de ces étudiants. Les répondants à cette enquête ont été dans l'immense majorité des jeunes femmes (50 251 soit 72,8 %), 20 ans d'âge médian, et surtout des étudiants en première année (32 424 soit 47 %).

Une anxiété sévère chez plus d'1/4 des étudiants

Cette enquête montre que la prévalence des pensées suicidaires était de 11,4 % ; de la profonde détresse de 22,4 % ; du haut niveau de stress de 24,7 % ; de dépression sévère de 16,1 % et du haut niveau d'anxiété de 27,5 %. Malgré l'importance de ces troubles, seulement 3 675 étudiants (12,4 %) présentant au moins un de ces problèmes ont déclaré avoir consulté un professionnel de santé.

Parmi les facteurs de risque favorisant ces troubles de santé mentale chez les jeunes qui souffraient au moins de l'un d'entre eux, les auteurs ont mis en avant le genre féminin (OR : 2,10; 95 % CI, 2,02-2,19; p < 0,001), la précarité (OR : 1,28; 95 % CI, 1,22-1,33; p < 0,001), le défaut de qualité du logement (OR : 2,30; 95 % CI, 2,06-2,57; p < 0,001), des antécédents de suivi psychiatrique (OR : 3,28; 95 % CI, 3,09-3,48; p < 0,001), des symptômes compatibles avec le Covid-19 (OR : 1,55; 95 % CI, 1,49-1,61; p < 0,001), l'isolement social dont un faible sentiment d'intégration (OR : 3,63; 95 % CI, 3,35-3,92; p < 0,001). Parmi les autres facteurs de vulnérabilité, il faut noter : la faible activité physique, la consommation élevée des médias et l'éloignement de ses proches.

Prudence dans l'interprétation

Si les auteurs de ce travail insistent sur la forte prévalence des troubles psychiques chez les étudiants universitaires durant le confinement, ils ont cependant conscience que l'interprétation de ce travail mérite une certaine prudence, à commencer par le biais des répondeurs à cette enquête qui étaient de 4,3 %, avec un taux très élevé de jeunes femmes. Peut donc se poser la question sur la représentativité de ces résultats, même si une étude a récemment révélé des résultats préliminaires sur l'importance des désordres de la santé mentale de façon globale sur la population chinoise en début d'épidémie, indiquent les auteurs de l'article du Jama.

Autre point à prendre en considération, l'importance des facteurs de vulnérabilité. Ainsi cette enquête a révélé que 8 % des étudiants sondés avaient eu des pensées suicidaires durant les 12 derniers mois. Et près de 10 % ont déclaré souffrir d'une anxiété sévère en dehors du contexte de la pandémie, par exemple. 

* Enquête réalisée par le Centre Nationale de ressource et de résilience (CNR2) avec le Fonds innovation recherche de la FHF. 


Source : lequotidiendumedecin.fr