Alors que les vaccins anti-Covid actuels ont une efficacité sur la transmission du virus imparfaite, l'Inrae et l'Université de Tours ont annoncé ce vendredi avoir déposé un brevet pour un candidat vaccin intranasal qui pourrait changer la donne.
Ce vaccin, à base de protéines virales encapsulées dans des nano-particules, a été testé in vivo en essais pré-cliniques sur un modèle murin avec des résultats « très positifs », indique l’Inrae dans un communiqué.
Une efficacité sur la transmission
Selon ce travail, dont les résultats n’ont pas encore été publiés, deux instillations par voie nasale, espacées de trois semaines, « induisent une très forte réponse immunitaire au niveau général mais également au niveau muqueux avec à la fois une réponse humorale, avec des anticorps neutralisants — mais également cellulaire — avec des lymphocytes protecteurs vis-à-vis de l’infection », résume le Pr Isabelle Dimier-Poisson, (responsable de l’équipe de recherche BioMAP Inrae-Université de Tours en charge du projet).
L’efficacité protectrice de ce vaccin a également été testée en termes de survie sur un modèle de souris modifié. « Ce que l’on a pu observer c’est qu’en comparaison des lots contrôles infectés où on avait 100 % de mortalité, les souris vaccinées avaient non seulement 100 % de survie, mais aussi une absence totale de signe clinique (détresse respiratoire, perte de poids...) », poursuit la chercheuse.
Pour évaluer l’impact sur la contagiosité, le candidat vaccin a été testé sur un modèle de hamster doré, qui restitue la physiopathologie humaine du Covid-19. Les animaux vaccinés et infectés n'avaient aucune charge virale pulmonaire et nasale détectable, à l’inverse des hamsters infectés non vaccinés présentant de fortes quantités d’ARN viral dans les poumons et les cavités nasales. Ces résultats, « permettent de conclure à l’abrogation totale de la contagiosité entre individus », estime l’Inrae.
Cette efficacité sur la transmission « constitue la plus-value potentielle de notre vaccin », souligne le Pr Dimier-Poisson.
Plusieurs avantages par rapport à la voie IM
Avec les vaccins intramusculaires, l’immunité locale au niveau des voies aériennes supérieure est en effet court-circuitée. En cas d’infection, le virus n’est donc intercepté qu’une fois qu’il dissémine. A contrario, l’administration en intra-nasal stimule à la fois l’immunité systémique et locale, permettant , en cas d’infection, une réponse plus précoce.
Autre avantage potentiel, ce vaccin protéique est basé à la fois sur la protéine Spike mais aussi sur d’autres protéines non soumises à mutation, ce qui « permettrait d’être protecteur quelles que soient les mutations virales et la souche de coronavirus circulante ».
Enfin, « ce système simple de vaccination permettrait de diffuser plus largement le dispositif vaccinal en Europe et au-delà ».
Une mise sur le marché espérée pour 2023
Fort de ces résultats, l'équipe de recherche espère démarrer dès l'automne la phase de production en vue d'une phase clinique lors du deuxième semestre 2022.
Si les essais sont concluants, la mise sur le marché est prévue pour 2023. Le vaccin devrait s’adresser « aux populations non vaccinées pour protéger contre les formes graves et modérées du COVID-19 et servirait également de rappel vaccinal pour la population déjà vaccinée afin d’éviter la transmission de la maladie », précise l'Inrae.
Techniquement, « il sera administrable à l'aide d'un petit adaptateur placé au bout d'une seringue sans aiguille, permettant une diffusion au sein de la cavité nasale ».
L’équipe BioMAP a déjà développé un vaccin nasal anti-toxoplasmose pour les primates. Son candidat vaccin anti-Covid serait le 8e vaccin à administration nasale en préparation dans le monde, et le seul français.
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