Un mois après son émergence en Chine, le coronavirus 2019-nCov fait l'objet d'une intense recherche. Et si pour le moment il n'existe aucun traitement spécifique, différentes pistes sont à l'étude comme l'ont indiqué vendredi plusieurs chercheurs français.
« Trois stratégies sont à un niveau avancé » , a expliqué le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'Institut d'immunologie, inflammation, infection et microbiologie (I3M) à l'Inserm, lors d'une conférence de presse organisée par l'institut.
La première repose sur le Kaletra, un anti-VIH du laboratoire Abvvie relativement ancien qui associe deux antirétroviraux (lopinavir et ritonavir). « Un certain nombre de collègues chinois l'ont utilisé en Chine dans le cadre des essais cliniques, dont on n'a pas encore les résultats » , a précisé le chercheur.
La deuxième option consiste à associer ce médicament à l'interféron, une combinaison utilisée sur le coronavirus Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) dans un essai clinique en cours.
La troisième utilise le remdesivir, un antiviral de l'américain Gilead testé dans le passé pour Ebola. D'après un article de la revue Nature, l'efficacité semblerait « plus importante que le Kaletra » .
Utilisation compassionnelle
Sans attendre les résultats des essais en cours, plusieurs pays ont commencé à délivrer des antiviraux à certains patients touchés par le nouveau coronavirus, en utilisation dite « compassionnelle ». En France, parmi les six patients infectés, au moins trois « reçoivent actuellement un traitement antiviral (...) même en l'absence d'efficacité démontrée aujourd'hui » , car « on estime que le rapport bénéfice/risque est favorable» , a précisé Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale à l'Institut Pasteur, au cours d'un autre point presse.
En revanche, les antiviraux ciblant la grippe saisonnière comme l'oseltamivir (Tamiflu) et le zanamivir (Relenza) ne sont d'aucun intérêt, car le virus de la grippe est« très différent du coronavirus », a souligné Sylvie van der Werf, responsable du centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur.
Autres pistes possibles, des traitements à base d'anticorps monoclonaux dirigés contre le virus, mais cette voix «est moins avancée» , souligne le Pr Yazdanpanah.
Les travaux menés ces dernières années sur les deux autres coronavirus à l'origine d'épidémies (Sras-Cov et Mers-CoV) apportent des informations utiles pour les recherches sur le nCov.
La souche virale isolée par l'Institut Pasteur
De même, l'isolement de la souche virale observée en France, réalisé en un temps record par l'institut Pasteur, ouvre la voie à de nouvelles approches diagnostique, thérapeutique et prophylactique. En autorisant la culture du nouveau coronavirus en laboratoire, cette avancée va permettre de tester directement l'efficacité des molécules existantes pour inhiber le virus. Cela aidera aussi à mieux comprendre comment il « est capable de se répliquer dans les cellules» et à « identifier des talons d'Achille qui permettraient de développer des stratégies thérapeutiques» , a observé Christophe d'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur.
Avec AFP
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