
En France, environ 20 % des hommes et 9,5 % des femmes qui consultent en médecine générale sont des consommateurs d’alcool à risque, définis par avoir une consommation ≥ 21 verres par semaine pour des hommes et ≥ 14 verres pour des femmes indemnes de maladies liées à l’alcool.
Mais, alors que la consommation excessive d’alcool est fréquente en milieu professionnel, il y a peu d’études solides sur son éventuel lien avec la durée de travail.
En janvier 2015, un article paru dans le BMJ s’est intéressé à 61 études regroupant 333 633 sujets provenant de 14 pays. Pour la méta-analyse sur les données longitudinales de cohortes (incidence), 20 études regroupant 100 602 participants ont été retenues.
L’odds-ratio d’apparition d’une nouvelle consommation d’alcool à risque était respectivement de 1,13 ; IC95 % = 1,02-1,26 pour une durée de travail hebdomadaire de 49-55 heures et de 1,12 ; IC95 % = 1,01-1,25 pour une durée de travail hebdomadaire > 55 heures comparativement à 35-40 heures. Ces résultats étaient les mêmes quels que soient le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la région géographique des patients, ou le biais d’attrition des échantillons.
Un travail qui n'est pas exempt de critiques
Ce travail est pharaonique. Et la méthode choisie et l’analyse statistique sont particulièrement sophistiquées et complexes. Globalement, cette étude montre que le risque de consommation d’alcool à risque augmente de 10 % quand la durée de travail hebdomadaire dépasse 40 heures. Cependant, ce travail n’est pas exempt de critiques. Par exemple, le niveau de preuve et le risque de biais des études retenues n’ont pas été évalués, le recueil des données était hétérogène d’une étude à l’autre, la mesure des consommations d’alcool était basée sur les déclarations des sujets (sous-estimation de la réalité) et, enfin, les définitions de consommation à risque n’étaient pas les mêmes dans toutes les études.
En pratique, ce travail suggère néanmoins qu’une durée de travail > 40 heures par semaine augmente de 10 % la consommation d’alcool à risque.
Dernière information : le taux de consommateurs d’alcool à risque parmi les médecins généralistes français est inconnu, mais ils travaillent en moyenne 54,6 (écart type 52-60) heures par semaine. g
Virtanen M, Jokela M, Nyberg ST et al. Durée de travail et consommation d’alcool ; BMJ 2015 (13 janvier 2015).
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