Le rapport de l’ANSM sur les mesh répertorie beaucoup de points à améliorer. Cela signifie-t-il que rien ne va ?
Pr Xavier Fritel. Non, ce rapport englobe tout ce qui a été discuté entre les différents acteurs impliqués dans ces implants. Résultat : les actions proposées sont multiples. Il faut rappeler que dans la grande majorité des cas, ces dispositifs apportent de vrais bénéfices aux patientes. Aujourd’hui, l’amélioration doit surtout porter sur les risques liés à la pose de ces implants. Il est indispensable de mieux évaluer le risque d’incident, de mieux comprendre pourquoi certains problèmes surviennent et pourquoi des mesh sont mal tolérées chez des patientes.
Quels signes doivent alerter les généralistes ?
Pr X. F. Peu de temps après la chirurgie, les problèmes les plus courants sont un saignement, un abcès, une complication urétérale, etc. Mais les problèmes liés aux mesh surviennent le plus souvent longtemps après l’intervention, et ne sont donc pas évidents à identifier. Il peut s’agir de sensations vaginales anormales, de douleurs, de pertes sanglantes, “sales”, etc. Ces signes peuvent correspondre à une “exposition” de la bandelette, signifiant qu’elle a bougé et apparaît dans le vagin, ou parfois dans la vessie, l’urètre voire le rectum. Ce problème, perçu par la patiente, peut être difficile à objectiver pour un clinicien non expérimenté, spécialiste ou généraliste. Surtout qu’il n’existe pas d’examen complémentaire spécifique pour faire le diagnostic. Dans ce cas, il faut adresser la patiente à un spécialiste connaissant bien ces complications.
Quelles seraient les premières dispositions à prendre pour améliorer le traitement de ces complications ?
Pr X. F. L’urgence est d’améliorer les filières des soins pour la prise en charge de ces complications et éviter l’errance diagnostique. Pour optimiser le partage de la connaissance, une conférence de consensus sur la prise en charge de ces complications serait un vrai plus. Des travaux sont aussi menés pour améliorer les implants utilisés et en particulier faciliter leur explantation. Les fabricants travaillent sur des implants colorés ou davantage visibles à l’imagerie médicale. On estime aujourd’hui qu’une opération de dépose est nécessaire chez environ 3 % des femmes implantées.
* Gynécologue-obstétricien (CHU Poitiers), coordinateur de l’étude Vigimesh.
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