C’est arrivé le 16 juin 1180

Naissance de Roger de Parme

Publié le 16/06/2015

Crédit photo : GARO/PHANIE

Ruggero di Frugardo, dit Roger de Parme était en fait originaire de Ravenne et c’est un de ses disciples, Roland de Parme qui lui donna ce surnom. Éminent membre de l’école de Salerne, Roger de Parme doit sa notoriété à son monumental traité de chirurgie intitulé « Practica Rogerii » qui comprend quatre tomes. Le premier livre est consacré aux blessures crâniennes et à leurs traitements, les trois autres étant consacrés à la traumatologie des autres parties du corps. En 1250, Roland de Parme fit paraître une nouvelle édition de cet ouvrage où son maître envisageait aussi bien les traitements externes que les opérations, le terme de chirurgie désignant au Moyen âge « toute chose guérie par la main ».

Dans cet ouvrage d’une modernité étonnante, Roger de Parme a traité avec la même maestria des traumatismes crâniens et de la trépanation mais aussi des plaies de l’abdomen,des luxations ou encore des cancers du rectum et de l’utérus.

Quelques traitements préconisés par Roger de Parme

En cas de blessure par flèche à la face. « Si quelqu’un est blessé par une flèche au visage à travers les narines ou près de l’œil, ou dans la joue, ou dans une autre partie, si le fer se trouve fiché en profondeur ou s’il a pénétré dans des orifices étroits, fins et tortueux il faut savoir que l’extraction est une chose difficile, toutefois chacun fait appel à son talent personnel et pense à fond de quelle façon il peut l’extraire et si le fer avait du bois, on met un lien près du bois jusqu’au fer au travers de la blessure précédente et s’il s’avère que le bois est bien attaché au fer, on le bouge un peu, à petits coups et aussi en les tenant ensemble on déplace doucement le bois et le fer et ainsi avec soin on les extrait.

Si le fer n’a pas de bois, tu connaîtras par le patient quand et de quelle façon il se trouvait lorsqu’il fut blessé ainsi qu’il a été dit plus haut, de dessous, de face ou sur le côté, on introduit une tige au travers de la blessure le trajet du fer est (alors) connu, on extraira le fer s’il peut s’extraire et si l’on ne peut l’extraire sans abîmer (les chairs) il est meilleur de le laisser : en effet, beaucoup vivent longtemps avec un fer dans le corps.

Le fer extrait, on fait aussitôt un tampon de lard et on l’introduit si le lard ne suffit pas pour la trop grande profondeur, fais une bande de toile de lin, tu l’enduis de saindoux et ainsi tu l’introduis et tu poses dessus un petit coussinet de toile de lin et tu l’attaches de telle façon que le bandage commence de l’endroit d’où le pus doit sortir et s’il y a deux trous celui qui présente la pente la plus forte ( qui se trouve à la partie supérieure ) tardera à se consolider alors que celui qui se trouve à la partie inférieure se consolidera plus rapidement et le malade sera toujours placé de telle façon que le pus s’écoule à l’extérieur et non à l’intérieur. Si tu veux que dans une telle blessure se produise le pus, selon les variations saisonnières, mets cet emplâtre en été ; en hiver tu appliqueras rapidement ceux décrits dans le cinquième traitement de la tête. Le reste se fait comme il a été dit pour les autres traitements. Nous n’oublierons pas de faire observer qu’après que le pus commencera à s’écouler et la blessure à se cicatriser, le tampon (de lard) va se réduire selon comment évoluent la guérison et la cicatrisation de la blessure. »

En cas de blessure par dard barbulé. « Dans le cas d’une blessure par trait barbulé, on l’extrait ainsi : (en) pouvant introduire largement une pince ; grâce à la pince on se saisit avec précaution des barbes et les tordant on les plie vers (leur) attache. Si cela est difficile, on applique un petit tube fin en fer ou en bronze à une barbe, on la prend dans la concavité (creux) du tube et on fait ainsi de l’autre côté et avec beaucoup d’attention et de diligence on extrait (le trait) convenablement. La même opération peut se faire avec deux plumes d’oie. »

Exil à Montpellier

Hormis l’écriture de cet ouvrage, on ignore à peu près tout de la vie de Roger de Parme sinon qu’il émigra à Montpellier , autre place forte de la médecine au Moyen âge, pour y trouver la sécurité alors que la lutte entre Guelfes et Gibelins battait son plein.


Source : lequotidiendumedecin.fr