Les recommandations de la HAS sur les mutilations sexuelles féminines qui viennent de paraître sont tristement d’actualité. En Egypte, une fillette est décédée la semaine dernière des suites d’une excision. En France, les médecins ont un rôle de premier plan à jouer dans le repérage des filles en danger, leur protection mais aussi l’accompagnement de celles qui ont été mutilées.
On estime que plus de 124 000 femmes adultes vivant en France ont subi des mutilations génitales (BEH, N° 21, juillet 2019). C'est deux fois plus qu'au milieu des années 2000. En France, second pays le plus concerné en Europe après le Royaume-Uni, entre 12 et 20 % des filles de 0 à 18 ans originaires de pays où ces mutilations sont pratiquées, seraient menacées. Alors que ces pratiques reviennent en force, la Haute autorité en santé (HAS) implique les professionnels de santé de premier recours, dont les généralistes, avec des recommandations sur la prise en charge de ces mutilations, déclinées en 6 fiches pratiques.
Tout d’abord, il s’agit d’évaluer le risque de mutilation. L’élément prioritaire à prendre en compte est la région d'origine et/ou le pays de naissance des parents, ou des grands-parents, y compris pour les mineures nées en France ou arrivées en bas âge. La Fiche n°1 (évaluation des risques) recense les pays dans lesquels ces mutilations sont les plus fréquentes. Naître d’une mère mutilée constitue un facteur de risque important (11 % de leurs filles le sont également). Il faut être en alerte si les parents envisagent un voyage pour leur fille à l’étranger, y compris en Europe (fête familiale), et être bien conscient que ces maltraitances touchent les femmes de tous les âges et de toutes les catégories socio-professionnelles. Même si la majorité des fillettes sont mutilées avant l’âge de cinq ans.
Face à un risque imminent de mutilation sexuelle féminine chez une mineure, le professionnel de santé doit faire un signalement en urgence (informer le Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance et adresser une copie à la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes du Conseil départemental-CRIP).
Face à un risque non imminent, le professionnel rédige une information préoccupante au CRIP.
Une patiente majeure encourant un risque imminent, il est recommandé d'appeler le 17. Autrement elle peut être orientée vers le 3919 (femmes violences info), une association spécialisée (réseau France Victimes), un centre d’information des droits des femmes et des familles (CIDFF) ou un hébergement d’urgence via le 115.
Un autre volet de ces recommandations porte sur l’accompagnement et l’orientation des jeunes fille et femmes déjà mutilées. Les fiches de la HAS informent comment aborder la question. Puis comment rassurer les patientes, leur expliquer et les déculpabiliser.
200 millions de femmes dans le monde
Dans l’hypothèse où la patiente ignore sa mutilation, le professionnel de santé a dans l’obligation de l’informer des conclusions de l’examen. La prise en charge d’une femme mutilée sexuellement ne se résume pas à la reconstruction chirurgicale mais inclut les approches psychique, sexuelle et psychocorporelle. A noter qu’une femme qui a été mutilée peut porter plainte, jusqu’à 48 ans (soit 30 ans après sa majorité). L’agence sanitaire rappelle qu’en France ces agissements sont interdits par la loi, et constituent un crime, même s’ils sont effectués à l’étranger (200 millions de femmes dans le monde).
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation