Quels sont les vaccins recommandés en France pour lutter contre la diffusion du virus monkeypox ? Alors que l’Hexagone compte désormais 17 cas confirmés de variole du singe (bilan au 30 mai), l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) fait le point sur les vaccins antivarioliques préconisés.
Pour rappel, le 24 mai, afin de réduire la transmission interhumaine du virus et ainsi endiguer sa propagation, la Haute Autorité de santé (HAS) a précisé la conduite à tenir vis-à-vis des adultes contacts à risque en préconisant la mise en place d’une « stratégie vaccinale réactive ». Une stratégie fondée sur l’utilisation dans les 4 jours (ou au plus tard dans les 14 jours) suivant l’exposition – et selon un schéma à deux doses séparées par un intervalle de 28 jours – de vaccins varioliques « de troisième génération » : Imvanex© et Jynneos®, fabriqués par le laboratoire danois Bavarian Nordic. Un arrêté paru deux jours plus tard au journal officiel a même déjà posé d’un point de vue réglementaire les jalons du cadre d’utilisation des deux produits, désormais autorisés « à titre dérogatoire ».
Moins d'effets indésirables que les vaccins de premières générations
En fait, comme le souligne l’ANSM dans un document d'information à destination des professionnels, ces deux vaccins « sont très semblables en termes d’efficacité et de profil de tolérance ». Comme le suggère le régulateur, tous deux présenteraient « une efficacité de 85 % pour la prévention de l’infection à virus monkeypox ».
Et ce, pour un profil de tolérance rassurant. Alors que les vaccins de première génération étaient à l’origine d’effets secondaires graves, « les effets indésirables les plus fréquemment observés (avec Imvanex et Jynneos ) sont des réactions au site d’injection et des réactions systémiques bien connues pour les vaccins, d’intensité légère à modérée et d’évolution favorable », assure le régulateur. Et si les vaccins peuvent provoquer des éruptions cutanées et des effets indésirables cardiaques, ces troubles ne seraient pas considérés comme « graves ». Les deux produits seraient néanmoins à éviter en cas de « maladie fébrile aiguë sévère (fièvre élevée) ». Et les sujets atteints de dermatite atopique développeraient « davantage de symptômes locaux et généraux après la vaccination ».
Deux vaccins vivants atténués non réplicatifs
Imvanex© et Jynneos® sont tous deux sont des vaccins vivants issus d’une même souche virale « hautement atténuée » - le « modified vaccinia Ankara virus de Bavarian Nordic (MVA-BN) », précise le régulateur. Les deux produits contiennent une concentration comparable de principe actif - « au minimum 5 x 107 unités infectantes ». De plus, ils contiennent les mêmes excipients (trométamol, chlorure de sodium, eau pour préparation injectable) et à peu près les mêmes « traces résiduelles » potentielles (cellules d’embryons de poulet, benzonase, gentamicine – et ciprofloxacine uniquement dans le cas d'Imvanex). Aussi des antécédents d’hypersensibilité à ces composants - seule contre-indication aux vaccins - sont à rechercher avant l'adminsitration d'Imvanex comme de Jynneos.
Contrairement aux vaccins de premières générations, ils « présentent (tous deux) l’avantage d’être non réplicatifs », ajoute l’ANSM. Comme d’autres vaccins vivants classiques, ils sont à administrer par voie sous-cutanée.
Réserve d'Etat
À noter une différence relative au stockage des vaccins antivarioliques : après décongélation, Jynneos doit être utilisé plus rapidement qu’Imvanex (sous 12 heures pour Jynneos, dans les 8 semaines pour Imvanex, si conservation à l’abri de la lumière entre 2 °C et 8 °C).
Au-delà de ce distinguo dans la conservation des vaccins, la principale différence entre Imvanex et Jynneos apparaît réglementaire. « Le vaccin Imvanex a obtenu une Autorisation de Mise sur la Marché (AMM) Européenne sous circonstances exceptionnelles le 31 juillet 2013 dans l’indication de l’immunisation active contre la variole chez les adultes », rapporte l’ANSM. Le vaccin Jynneos, lui, « a obtenu une AMM aux États-Unis depuis le 24 septembre 2019 à la fois dans la prévention de la variole et de la variole du singe ». Si bien que la HAS semble considérer que Jynneos est simplement un nom alternatif d’Imvanex, sous lequel le vaccin a obtenu une autorisation Outre-Atlantique.
Quoi qu’il en soit, ces vaccins seraient déjà disponibles en France, bien que leur importation et leur stockage dépendent encore de l’Agence nationale de santé publique et du Service de Santé des Armées (stock d’État). « Les stocks sont là, nous avons des stocks stratégiques », assurait récemment la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. Et cette réserve d’État pourrait prochainement s’étoffer. Car selon l’AFP, l’Union européenne prépare des achats groupés de vaccins et autres produits antivarioliques.
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