Deux semaines environ après le bamlanivimab, deux premières bithérapies d’anticorps monoclonaux arrivent en France : le cocktail casirivimab-imdevimab du laboratoire Roche et l’association bamlanivimab-etesevimab de Lilly France. C’est ce qu’a annoncé lundi l’ANSM, qui vient d’attribuer à ces traitements deux autorisations temporaires d’utilisation de cohorte (ATUc). De son côté, l’EMA a lancé un examen continu et émis un avis favorable pour une utilisation précoce chez les patients les plus fragiles en attendant une éventuelle AMM.
D’ores et déjà, « des résultats intéressants ont été présentés lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) », rapportait en effet l’infectiologue Karine Lacombe la semaine dernière lors d’un point presse. En particulier, un essai randomisé conduit auprès d’un millier de patients présentant des formes légères à modérées aurait montré que l’utilisation du bamlanivimab-esetivimab à forte dose en ambulatoire pourrait être associée à une diminution de 70 % du risque d’hospitalisation ainsi qu’à une réduction de la charge virale et de la durée des symptômes. Un autre, mené sur environ 500 personnes contact inclues dans les 3 jours après le contact à risque, aurait mis en évidence la capacité du casirivimab-imdevimab à éviter 100 % des formes symptomatiques et 50 % des formes pauci ou asymptomatiques de Covid-19.
Pas de bithérapie si détection d’un variant
En pratique, ces deux bithérapies doivent être utilisées dans des indications similaires à celles qui avaient initialement été établies pour le bamlanivimab.
Les personnes éligibles au traitement restent en effet celles qui présentent « un risque élevé de développer une forme grave de Covid-19 », indique l’ANSM. D’après les protocoles d’utilisation thérapeutique (PUT) du bamlanivimab-esetivimab et du casirivimab-imdevimab, sont ainsi plus précisément concernés les individus ayant un déficit de l’immunité lié à une pathologie ou à des traitements et les sujets âgés de plus de 80 ans. Par rapport au premier DGS Urgent publié à propos du bamlanivimab, la liste des patients éligibles a toutefois été étendue aux individus à risque de complications du fait de certaines comorbidités, en particulier après 70 ans.
Les anticorps monoclonaux visant à neutraliser la capacité du SARS-CoV-2 à pénétrer les cellules humaines pour s’y répliquer, les deux bithérapies doivent par ailleurs, à l’instar du bamlanivimab seul, être administrées précocement. « Il est rappelé que le délai entre le début des symptômes et l’initiation du traitement ne doit pas excéder 5 jours », insistent les protocoles d’utilisation des deux traitements.
Enfin, dans l’objectif d’éviter l’éventuelle sélection de souches susceptibles d’échapper à l’immunité par ces traitements – qui présenteraient des performances variées vis-à-vis des clones sud-africain et brésilien –, « un test de criblage pour la détection d’éventuels variants porteurs de la mutation E484K […] devra être systématiquement réalisé avant le traitement », soulignent les PUT. Dans les territoires où la circulation de ces variants est inférieure à 10 %, le traitement peut toutefois se voir administré avant que le résultat soit connu. Pour les mêmes raisons, un suivi virologique à j7 post-traitement continue par ailleurs d’être exigé.
Les bithérapies à privilégier par rapport au bamlanivimab seul
À noter toutefois que selon certains experts, ces bithérapies présenteraient non seulement une plus grande efficacité, mais surtout un risque de sélection de mutants moins important que le bamlanivimab seul. Dans ces conditions, « la monothérapie de bamlanivimab […] ne doit être utilisée qu’en l’absence de disponibilité des bithérapies », souligne l’ANSM.
En fait, il n’a jamais été prévu que le bamlanivimab soit utilisé largement en monothérapie, révélait l’infectiologue Guillaume Martin-Blondel lors d’un point presse de l’ANRS organisé il y a deux semaines. D’après lui, le bamlanivimab seul constituait depuis son arrivée en France « une solution temporaire, en l’attente des cocktails d’anticorps ».
Reste à savoir quels seront les prochains anticorps monoclonaux, voire polyclonaux à arriver en France.
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