Après l'Académie de pharmacie et le Sénat, le LEEM a présenté ce mardi son plan d'actions pour lutter contre les pénuries de médicaments. En 2017, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a recensé 538 signalements de rupture ou tensions d'approvisionnement de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) contre 404 en 2013 et seulement 44 en 2008 !
Causes multifactorielles
Les ruptures de stock touchent principalement 10 classes thérapeutiques. Plus de la moitié des ruptures concerne les anti-infectieux, les médicaments du système nerveux et les anticancéreux.
La durée médiane des ruptures d'approvisionnement de médicaments à l'officine entre 2015 et 2018 était de 52 jours. L'hôpital est plus touché que la ville « du fait notamment de l'usage des formes injectables (représentant la moitié des médicaments concernés par la rupture) et du mécanisme d'appels d'offres hospitaliers ne retenant qu'un seul fournisseur », précise le LEEM.
L'organisation patronale des laboratoires a analysé 400 signalements l'an passé. Les causes sont multifactorielles, soulignant la vulnérabilité de la chaîne d'approvisionnement. Ainsi, 25 % des ruptures de stock sont liées à la tension mondiale entre la demande et la capacité de production et 23 % s'expliquent par les fluctuations imprévues du marché. Mais 20 % des incidents sont liés à la chaîne de production elle-même, 15 % à la fabrication des principes actifs et 7 % aux contraintes économiques.
Liste restreinte et hausse des prix
Pour y remédier, le LEEM propose de définir une liste de « médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique » (MISS) pour lesquels les mesures de gestion de pénurie sont renforcées (stocks mobilisables, suivi précoce, identification des fournisseurs, protocole de remplacement à identifier avec les sociétés savantes, etc.). Aujourd'hui, la liste des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) que doit recenser chaque laboratoire est jugée beaucoup trop large (40 % de la pharmacopée).
« L'intérêt est de renforcer les actions sur un nombre limité de produits », justifie Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques du LEEM. Il s'agit des médicaments « les plus indispensables et irremplaçables » pour lesquels une rupture entraîne un risque vital en l'absence d'alternative thérapeutique dans cette indication. Ceux-ci représenteraient 5 à 10 % des médicaments de la pharmacopée parmi lesquels les antibiotiques et les anticancéreux.
Dans les établissements, le LEEM propose de rendre obligatoires les appels d'offres hospitaliers (multi-attributaires) pour ces médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique (MISS) pour éviter de dépendre d'un fournisseur unique. Il convient aussi d'améliorer la précision des volumes commandés et des calendriers de livraisons.
Autre souhait : en ville cette fois, augmenter les tarifs des médicaments dont le prix est jugé trop bas (l'idée étant d'éviter que des fabricants écoulent ces produits sur d'autres marchés européens plus attractifs).
Relocaliser la fabrication de principes actifs
En cas de rupture, le plan du LEEM propose d'optimiser le partage d'informations entre les acteurs de la chaîne du médicament (pharmaciens notamment) et les patients. La création d'une base numérique centralisée, sous l'égide de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), renseignant l'état des stocks et les plans d'approvisionnement, est une autre recommandation. Dans la même veine, il serait souhaitable de renforcer les messages d'alerte auprès des médecins de façon, par exemple, à éviter une nouvelle prescription alors que le produit n'est pas disponible.
Plusieurs outils sont déjà proposés par l'ANSM, l'Ordre ou les industriels. « Mais l'information ne circule pas correctement, déplore le LEEM. L'annonce de la constitution d'une cellule Vigi-médicament par la ministre est une bonne nouvelle. »
Enfin, le syndicat n'oublie pas de réclamer des mesures fiscales pour le maintien et la relocalisation des sites de production en France ou en Europe (80 % des principes actifs sont fabriqués à l'étranger principalement en Asie).
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