Courrier des lecteurs

Médicaments en grandes surfaces : attention aux conséquences !

Publié le 14/08/2014
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La Sécurité sociale en déremboursant certains médicaments a rompu le contrat qui les unissait. Les prix de ces médicaments ont repris leur indépendance vis à vis de la Cnam : ils sont en vente libre.

La grande distribution voit dans cette indépendance une ouverture proche de ce marché qu’elle essaye de conquérir depuis plusieurs années. Pour le bien du porte-monnaie du Français ou pour le sien ?

Cette question en amène une autre : cette politique du médicament, préconisée actuellement, est-elle en faveur des patients ou de la grande distribution ?

En donnant le droit de vente de ces médicaments à la grande distribution, le gouvernement sait que celle-ci va logiquement, pour acquérir ce marché, casser les prix et provoquer la faillite de nombreuses pharmacies. Par cette politique de désertification, la grande distribution obtiendra en quelques années le monopole de la vente de ces médicaments avec la liberté d’en fixer les prix.

Ces médicaments bien que déremboursés gardent leur dangerosité. [Lorsque l’Angleterre a mis en vente libre le Di-Antalvic, celui-ci, consommé sans surveillance, devint à dose énorme le moyen le plus facile pour se suicider.] D’où la demande de la grande distribution de salarier des pharmaciens afin de pouvoir conseiller leur clientèle.

Mais, est-ce la seule raison de ce salariat ? Le but réel poursuivi n’est-il pas de transformer leur parapharmacie en une véritable pharmacie, afin d’obtenir le monopole de la distribution de tous les médicaments. Vouloir conquérir ce marché c’est le considérer comme pouvant devenir très lucratif ? Les prochains gouvernements auront-ils alors la possibilité d’imposer le prix de vente des médicaments sans donner de larges compensations à ce pouvoir financier qu’est la grande distribution ?

La politique sociale actuelle n’est-elle pas d’étouffer le petit commerce en faveur de la grande distribution sous le couvert (hypocrite) d’augmenter le pouvoir d’achat des Français en faisant baisser les prix ? Politique de courte vue et de paupérisation, car la baisse des prix ne sera que de courte durée (le temps que la grande distribution obtienne le monopole du marché) tandis que les personnes mises au chômage le seront, elles, pour une longue durée.


Docteur Jean Hvostoff, Les Molières (91)

Source : Le Généraliste: 2689