Le Sars-CoV-2 a mis en avant le concept d'indépendance sanitaire. Si la crise a révélé d'évidentes fragilités, la France est-elle réellement menacée ? Selon une étude menée par CareFactory pour le compte du G5 Santé qui regroupe huit entreprises françaises du secteur de la santé et des sciences du vivant (bioMérieux, Ipsen, LFB, Pierre-Fabre, Sanofi, Servier, Théa), 84 % des patients ont eu recours à un produit d'une entreprise membre du G5 Santé en 2018. Plus de la moitié ont bénéficié d'un de ces médicaments dans le cadre d'un traitement chronique d'au moins six mois. Le pourcentage grimpe à 80 % dans le traitement des maladies coronariennes, à 79 % pour les antalgiques, 75 % dans les produits dérivés du plasma et 67 % pour les antithrombotiques.
83 % des principes actifs proviennent d'Europe
Cette forte présence dans les officines françaises participe au maintien d'un outil industriel encore important dans l'Hexagone et en Europe. Les principes actifs de 83 % des médicaments produits par les entreprises du G5 Santé disposent en effet d'une usine de production en Europe. Pour autant, cette forte consommation pèse peu dans les comptes de l'assurance maladie. Elle représente en effet moins de 20 % des remboursements de médicaments de l'assurance maladie en valeur. Ce constat traduit bien la forte production de produits matures par les laboratoires français et l'insuffisance de médicaments à forte valeur ajoutée comme les anticorps monoclonaux par exemple.
Prix à la baisse
À ce constat se greffe une politique de prix orientée à la baisse, même si une inflexion est notée pour le PLFSS 2021. Pour inverser la tendance observée, à savoir un recul de la France face à ses principaux compétiteurs européens, le G5 Santé appelle à un sursaut. Selon ses membres, la prise en compte des enjeux industriels est un élément essentiel pour l'indépendance sanitaire. Dans ce cadre, les appels d’offres pour les marchés hospitaliers devraient inclure une clause de fabrication dans un pays de l'Union européenne par exemple. D'autres mesures, déjà évoquées au cours des éditions précédentes sont rappelées. On peut citer la prise en compte de lieux de production et d'investissements lors de la fixation des prix des produits de santé par le CEPS et la distinction opérée entre prix facial et prix réel, confidentiel après remises afin de protéger les produits exportés. Enfin le G5 Santé demande un moratoire sur les baisses de prix des médicaments à fort enjeu d'indépendance sanitaire.
L'Europe de la Santé ouvre également de nouvelles promesses. « L'histoire de l'Europe a été une tentative de réduire le niveau de conflictualité entre les États qui étaient dans une convoitise de ressources stratégiques. D'où les premières associations autour du charbon, de l'acier de l'atome, l'espace. Là, nous avons un enjeu très fort autour du médicament, industrie de survie », précise le Pr Francis Megerlin (Université de Strasbourg). Quels seront pour autant les nouveaux outils mis en place par la Commission européenne ? Le G5 Santé soutient la création d'une Barda européenne (Biomédical Advanced Research and Development Authority). Les contours n'en ont pas été précisés. Mais sera-t-elle un nouveau « machin » bureaucratique de soutien ou développera-t-elle « une approche très pragmatique » qui a la préférence du Pr Megerlin ? En attendant, outre l'instauration d'un label « made in EU » pour les produits de santé, une mesure simple, la définition d'une liste de produits de santé essentiels européenne, constituerait la première brique de cette Europe de la santé. Chiche ?
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