Vous êtes à la tête de l’entité médecine de spécialités à un moment historique. Pour la première fois, cette division génère le plus important chiffre d’affaires du groupe. Est-ce une chance ou une pression supplémentaire ?
J’arrive à un moment important, 2021 s’est achevée sur une performance solide de Sanofi. La médecine de spécialités est devenue notre première entité en termes de ventes, au niveau mondial, marquant le franchissement d’une nouvelle étape majeure dans notre transformation.
Nous sommes l’entité de Sanofi dont la vocation est d’apporter des solutions innovantes dans les maladies rares, les maladies rares du sang, la sclérose en plaques, l’oncologie et l’immunologie. Nous sommes engagés dans la recherche et le développement de thérapies dans des maladies invalidantes pour lesquelles les solutions sont insuffisantes voire inexistantes. A ce titre, j’ai la chance avec mon équipe de pouvoir accompagner de si belles perspectives.
Notre engagement dans la recherche scientifique et l’innovation au sein de Sanofi n’a jamais été aussi fort avec 91 projets en cours de développement. C’est donc un monde de perspectives thérapeutiques sans précédent qui s’offre à nous.
L’immunologie est un domaine en forte croissance avec en particulier, Dupixent®, notre produit phare. L’apport de ce médicament est une grande avancée en particulier dans la dermatite atopique, l’asthme sévère et la polypose nasale, sans parler des nouvelles indications développées pour une mise à disposition le plus rapidement possible.
Après un grand nombre d’années passées dans l’industrie pharmaceutique et de management à l’étranger, c’est une source de fierté de diriger l’entité médecine de spécialités, de surcroît dans mon pays natal. Je mesure toute la responsabilité qui m’incombe.
Quelles sont les prochaines mises sur le marché envisagées en 2022 à partir du pipeline ?
L’année 2022 est importante pour la filiale française. En immunologie, nous allons continuer à avoir un impact significatif. Dupixent® est aujourd’hui en cours de développement dans dix nouvelles indications d’ici 2025. En avril, la Commission européenne a étendu son autorisation de mise sur le marché pour traiter l'asthme sévère chez les enfants de 6 à 11 ans, nous devrions être en mesure de le proposer à ces jeunes patients dans les prochains mois.
Nous comptons être un acteur majeur en oncologie à tous les stades. A cet égard, Sarclisa®, médicament biologique, est produit et développé en France avec une distribution programmée dans le monde entier. Cet anticorps monoclonal dans le myélome multiple, administré en association avec d’autres médicaments, est en cours de négociation. Cette situation appelle d’ailleurs la question de savoir comment les autorités vont accompagner sur le plan financier, l’accès à ces combinaisons de plus en plus courantes de traitements. On rentre dans une nouvelle ère de stratégies thérapeutiques. Quant à Libtayo®, il a été approuvé comme traitement de première ligne du cancer du poumon non à petites cellules. Dans le cancer du sein, le développement de l’amcenestrant se poursuit.
Nous continuons à être précurseurs dans les maladies rares. Nous développons olipudase dans le déficit en sphingomyélinase acide qui intervient dans cette maladie génétique rare sévère caractérisée par un risque de mortalité. Cette pathologie était jusqu’alors sans traitement. Dans le purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) acquis, notre molécule caplacizumab s’adresse à des patients en urgence vitale à l’hôpital. Cette maladie rare du sang très grave touche environ 130 patients par an en France.
Enfin, nous allons redoubler nos efforts de recherche dans la maladie de Pompe avec notre molécule avalglucosidase.
Le CSIS en 2021 a d’ailleurs acté que le prix d’un médicament prenne en compte son lieu de production. Est-ce que cela s’applique aujourd’hui concrètement ?
En effet ce dispositif est acté par l’article 65 de la LFSS 2022, mais sa mise en œuvre doit maintenant être effective et dans les meilleurs délais. L’impulsion politique se révèle parfois difficile à être traduite sur le terrain. En matière d’évaluation des médicaments, le système est très complexe, multifactoriel, multi-acteurs et dans des délais souvent longs.
Toutefois au cours des derniers mois de réelles avancées ont été observées comme la mise en œuvre du dispositif de l’accès précoce pour nos médicaments. C’est un vrai succès. On peut parler aussi de l’adaptation des critères de la liste en sus, ou de l’instauration de l’accès direct post avis HAS. Enfin, l’instauration du début d’une évaluation européenne l’accès au marché à l’échéance 2025 va ouvrir de nouvelles perspectives. Mais quel usage les Etats européens en feront-ils ? Un instrument de simplification ou au contraire de complexification ?
Sur le plan de la régulation économique c’est plus compliqué. Rappelons un chiffre. Le chiffre d’affaires net de l‘industrie du médicament dans l’Hexagone est comparable en 2022 à ce qu’il était en 2010. La part du coût du médicament dans l’Ondam qui était de 14% est désormais de 11% ! Le financement des innovations a donc été, en grande partie, assuré par l’industrie pharmaceutique. Cela a évidemment une limite pour les investissements qui peuvent être faits en France.
En 2021, pour la première fois en France depuis des années, Sanofi a retrouvé le chemin de la croissance avec une progression du chiffre d’affaires de 2%. Notre défi est de démontrer que cette croissance est désormais pérenne sur le marché français et non l’effet de circonstances particulières. Ce qui permettra d’arbitrer en faveur de l’Hexagone pour les investissements à venir. Il faudra toutefois que des gages soient donnés sur les questions d’accès au marché, de fixation des prix et de régulation économique.
Pour autant, du point de vue du patient, nous disposons d’un excellent système de santé. Je peux en témoigner parce que j’ai travaillé dans de nombreux pays de l’Union européenne qui n’offrent pas la même qualité, ni la même facilité d’accès des soins à leurs concitoyens.
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