Pour ses premiers vœux à la presse en tant que nouveau président du LEEM (Les entreprises du médicament), le Dr Philippe Tcheng, n'a pas caché sa déception au regard des espoirs du secteur.
Alors que le 8e conseil stratégique des industries de santé (CSIS) en juillet affichait des ambitions partagées pour améliorer l'accès des patients aux médicaments innovants et relancer l'attractivité du secteur, plusieurs signaux ministériels jugés incohérents ont déjà douché les espoirs de relance des industriels du médicament.
En premier lieu, la loi de financement de la Sécurité sociale 2019 (LFSS) a programmé un montant d'économies sur le médicament jugé « incompatible » avec la politique d'attractivité affichée lors du CSIS. « L'effort global d'économies est passé de 41 % à 48 %. Le médicament est plus que jamais une variable d'ajustement de la politique de maîtrise des dépenses de santé », dénonce le PDG de Sanofi-Aventis Groupe.
Quant aux médicaments innovants, la loi a instauré des mécanismes de tarification pour les ATU, « d'une telle complexité qu'on peut craindre qu'ils empêchent à terme les industriels d'y recourir », a-t-il ajouté. Pour le médecin cardiologue, la volonté politique exprimée lors du CSIS doit « s'imposer face aux tentations de régulation technocratique pour refonder une politique du médicament partenariale et ambitieuse ».
Un plan sur les ruptures
Malgré ce contexte pesant, le Dr Tcheng veut faire preuve de bonne volonté. Les industriels du médicament sont prêts à « relever plusieurs défis » en 2019. De la transformation du système de santé à la relance de la France en matière de recherche et de bioproduction industrielle en passant par la négociation d'un nouvel accord-cadre avec le comité économique des produits de santé (CEPS), le LEEM sera « force de propositions » et ouvert au dialogue.
Dans le domaine de l'accès aux innovations thérapeutiques, le syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique sera attentif aux réformes annoncées sur les mécanismes d'évaluation des médicaments (à terme, grâce à un indicateur unique, la valeur thérapeutique ajoutée) et présentera « prochainement » un plan d'action pour réduire les ruptures d'approvisionnement des médicaments indispensables.
Face aux causes multifactorielles de ces ruptures, le patron du LEEM évoque plusieurs pistes : définir les produits pour lesquels les obligations de sécurisation doivent être renforcées, maintenir en France les sites de production pour les matières premières actives (et médicaments d'intérêt stratégique) ou encore analyser les mécanismes d'achat à l'hôpital ainsi que les conditions économiques d'exploitation de ces médicaments.
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