L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de mettre fin au suspense : elle réfute la prescription à titre compassionnel de la fluvoxamine en tant que traitement curatif du Covid-19, faute de données scientifiques solides.
La fluvoxamine, cet antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine avait fait parler de lui très tôt après la survenue de la pandémie. Et fin janvier 2022, l’ANSM avait été sollicitée pour une demande de mise à disposition de la fluvoxamine dans le traitement curatif du Covid-19, dans un cadre de prescription compassionnelle (CPC). Mais à ce jour, l’Agence du médicament indique dans son communiqué, quelle ne voit rien dans la littérature qui pourrait soutenir son utilisation en curatif dans le Covid-19, tout en soulignant qu’elle reverra sa copie si des données scientifiques robustes venaient à paraître. C’est donc un « non » ferme mais pas définitif.
Des études aux résultats insuffisants
Les données potentiellement intéressantes semblaient pourtant s’accumuler. L'agence du médicament a repris et analysé l'ensemble des études (observationnelles, interventionnelles, de cohorte rétrospective ou prospective…) conduites avec cet antidépresseur. Ainsi, en novembre 2020, une première étude COVID-STOP sur 152 adultes avait mis la fluvoxamine sur le devant de la scène, en dépit de faiblesses méthodologiques. Puis COVID-STOP2 avait été arrêtée prématurément car aucune différence n’apparaissait entre les patients traités avec la fluvoxamine ou le placebo, après 547 patients inclus.
À la même période, les auteurs d’une étude codirigée par l’Université McMaster (Canada) suggéraient que la molécule pouvait réduire le risque d’hospitalisation à la suite d’une infection au Covid-19 de près d’un tiers, probablement du fait de sa capacité à réduire les tempêtes de cytokines, une hypothèse émise par les chercheurs.
Parmi les travaux les plus importants : TOGETHER, publié en janvier 2022 dans le Lancet relançait l’espoir : avec en particulier la somme des séjours en urgence de plus de 6 heures passant de 16 % à 11 % entre le groupe placebo et celui recevant la fluvoxamine. Mais au final, « il n'y a pas eu d'effet significatif sur la clairance virale, la mortalité, la durée et le nombre d'hospitalisations ou le nombre de jours de ventilation mécanique », indique l'ANSM.
Rien de bien solide donc. Mais les chercheurs ne lâchent pas l’affaire et deux autres études sont en cours comme COVIDOUT et ACTIV-6.
Pas recommandé non plus à l'étranger
À ce jour, l'ANSM souligne qu'aucune instance (comme l'OMS) ou autre autorité de santé au sein de l’Union européenne ou dans un des pays tiers à l’Union européenne ne mentionne la fluvoxamine comme une option thérapeutique contre le Covid-19. Aux États-Unis, le National Institutes of Health précise que les données sont actuellement insuffisantes pour recommander ou non cette molécule dans ce cadre.
En France, le Haut conseil de la santé publique « ne mentionne ni la fluvoxamine ni aucun autre antidépresseur dans ses recommandations actuelles de traitement contre le Covid-19 », souligne l'ANSM.
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