Philippe Lamberts, groupe des Verts européens Free Alliance, Belgique
« Des centaines de millions de personnes sont toujours privées d'un vaccin qui pourrait leur sauver la vie tout simplement parce qu'elles ne sont pas nées au bon endroit. L'UE n'est certes pas responsable de la situation de la crise sanitaire en dehors de ses frontières. Si elle peut être fière d'exporter 50 % de sa production vaccinale, il serait choquant et indigne de la voir continuer à bloquer au niveau international la suspension des brevets des vaccins contre le Covid-19, une mesure qui permettrait pourtant d'augmenter rapidement la production. Si elle devait placer le droit au profit au-dessus du droit humanitaire afin de préserver les marges bénéficiaires des big pharma plutôt que la vie humaine, l'Union européenne nierait ses valeurs, à commencer par la protection et le respect de la dignité humaine. Le secteur financier n'a pourtant pas besoin de notre aide, il affiche une santé financière insolente. Ainsi, Pfizer, J&J et AstraZeneca ont dépensé rien que l'année dernière 26 milliards en versement de dividendes et en rachat d'actions. Il est temps que l'Europe considère les vaccins comme un bien commun mondial dont la quantité disponible et les prix ne peuvent être laissés à la discrétion de 3 ou 4 groupes pharmaceutiques. »
Dacian Ciolos, Renew Europe Group, Roumanie
« Les chiffres donnent le vertige. Dans les pays les plus riches, un habitant sur 4 est vacciné. 1 sur 500 dans les pays les plus pauvres. Que fait-on pour faciliter l'accès à tous à ces vaccins ? Malheureusement la déclaration de Joe Biden n'apporte pas la réponse à cette question. La levée des brevets est un processus long. La vraie solution serait d'exporter nos doses dès maintenant. La moitié de notre production de vaccins part à l'étranger. Les Américains peuvent aussi nous aider dans cet effort. Le dispositif Covax qui a été créé par l'Europe est le seul outil de solidarité vaccinale au niveau mondial. Nous en sommes les premiers contributeurs. Pour la bataille de la vaccination, l'Europe n'a pas à rougir. Il faut continuer à augmenter la production et poursuivre l'exportation de doses vers les pays qui en ont besoin. En même temps, il faut lancer la dérogation à l'accord de l'OMC sur les vaccins. Car l'OMS prendra cette décision de lever ou pas les brevets. Cette crise sanitaire ne sera sans doute pas la dernière. »
Manon Aubry, groupe The Left, France
« Comment en est-on arrivé aujourd'hui à débattre encore de la levée des vaccins ? Cela aurait dû être une évidence si vous n'aviez pas servi les intérêts des laboratoires pharmaceutiques. Des millions de vies sont en jeu et votre inaction tue. Il y a deux mois, j'interviewais déjà la présidente de la Commission face au fiasco de la stratégie nationale de l'Union européenne. Force est de constater que rien n'a changé depuis. D'ailleurs, ni la présidente de la Commission ni le président du Conseil n'ont daigné être présents avec nous pour rendre des comptes. Je comprends qu'ils se cachent car j'aurais honte à leur place. Honte d'avoir imposé des restrictions inédites aux citoyens sans imposer de règles aux labos. Honte d'avoir laissé les vaccins devenir des biens privés alors qu'ils ont été financés par de l'argent public. Honte d'avoir laissé la pandémie devenir une machine à profit avec 3 milliards de bénéfices pour Pfizer rien qu'au premier trimestre. Honte d'avoir protégé à tout prix le monopole de production et causé la pénurie mondiale. Honte d'avoir privilégié les pays riches qui ont reçu 80 fois plus de doses que les plus pauvres. Honte d'avoir perdu un an alors que des entreprises comme Teva sont prêtes à produire des vaccins si on leur donne la recette... Honte d'être devenu le dernier défenseur de l'industrie pharmaceutique en refusant obstinément de soutenir la levée des brevets à l'OMC. »
Esther de Lange, Group European People's Party (Chrétiens Démocrates), Pays-Bas
« Il fait faire beaucoup plus pour lutter contre la pandémie et vite. En Europe, nous avons exporté quasiment autant de vaccins que ce que nous avons gardé pour nous. Soit un pour nous, un pour le reste du monde. Si tous les pays développés avaient appliqué la même approche, nous serions bien plus avancés dans la lutte contre cette pandémie abominable. Le PPE souhaite que les vaccins puissent toucher le plus possible la population mondiale. Pour ce faire, il faut que les obstacles à l'exportation de composants de vaccins et de vaccins soient supprimés. Les dons doivent être accrus. La production doit être augmentée ici, mais aussi en Afrique, en Amérique Latine et en Asie. Nous devons surtout aider l'Afrique à produire elle-même ses vaccins. Les connaissances pour la production de vaccins doivent être partagées et transférées. Cela permettra de vacciner davantage de monde que ces discussions sur les brevets. Cependant, tout le monde doit jouer sa part dans cette tragédie, notamment l'industrie. Cette dernière ne peut pas considérer qu'il s'agit d'un événement comme d'un autre. Votre premier devoir, vous responsables des laboratoires, doit se concrétiser vis-à-vis de l'Humanité. »
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