Nouveau coup dur pour la recherche française. Alors que de nouveaux médicaments spécifiques du Covid-19 ont été autorisés au cours du mois de janvier, la Haute Autorité de santé (HAS) a refusé d’attribuer une autorisation d’accès précoce au Xav-19, préparation d’immunoglobulines polyclonales anti-SARS-CoV-2 développée par la biotech nantaise Xenothera. Une décision basée sur un récent avis de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Des difficultés de recrutement de patients
En effet, le 28 janvier, le régulateur a estimé qu’« à ce stade, les données fournies par le laboratoire ne permettent pas de démontrer cliniquement l’intérêt thérapeutique des anticorps polyclonaux Xav-19 dans l’indication revendiquée par le laboratoire et selon le schéma posologique proposé ». Soit en perfusion unique, idéalement 6 à 10 jours après le début des symptômes d'une infection à SARS-CoV-2, « dans le traitement des atteintes pulmonaires modérées dues au Covid-19 chez des patients adultes hospitalisés nécessitant une oxygénothérapie à bas débit ne dépassant pas 4 l/min ».
À l’origine de cet avis défavorable : les premiers résultats insuffisants de l’essai de phase II – baptisé Polycor – conduit par l’entreprise. « L’essai clinique Polycor n’a pas réussi à démontrer que Xav-19 diminuait le risque d’échec respiratoire à J15 », déplore l’instance. Ce que Xenothera explique par des difficultés de recrutement de patients. « La grande majorité des patients inclus dans cet essai de phase II était à un stade trop avancé de la maladie pour qu’un bénéfice du traitement puisse être observé ; c’est sur un effectif restreint (15 % des inclusions) que l’intérêt du XAV-19 a pu être analysé », rapporte l’entreprise.
Des signaux encourageants
Si d’après la biotech, l’effectif limité de ce sous-groupe n’a pas permis de conclure formellement à l’efficacité de son candidat traitement, un signal certes non significatif mais encourageant pourrait tout de même se dégager. « Cette analyse indique une tendance en faveur du produit, le XAV-19 divisant par trois le taux d’aggravation respiratoire, qui passe de 22 % dans le groupe placebo, à 7 % dans le groupe XAV-19 », avance l’entreprise.
Par ailleurs, l’ANSM souligne une caractéristique prometteuse du candidat médicament : son activité neutralisante maintenue contre Omicron. « Les résultats préliminaires concernant l’efficacité in vitro de Xav-19 vis-à-vis du variant Omicron ne semblent pas mettre en évidence de diminution d’efficacité comme cela peut être le cas pour d’autres médicaments disponibles actuellement », comme de nombreux anticorps monoclonaux, note l’agence. Une robustesse face aux mutants du SARS-Cov-2 qui pourrait théoriquement s’expliquer par le caractère polyclonal des anticorps utilisés.
Pas de suspension du développement du Xav-19
Le tout pour un profil de sécurité a priori rassurant. « Les données disponibles n’ont pas mis en évidence de signal de sécurité pour le Xav-19 », indique l’ANSM.
Aussi l’instance ne recommande-t-elle pas l’abandon du Xav-19. Au contraire, l’ANSM juge la poursuite du développement du candidat médicament « pertinente ». « Des données complémentaires sont […] nécessaires pour objectiver un intérêt de ce traitement ». Dans ce contexte, Xenothera a annoncé par communiqué « la poursuite du plan de développement clinique du Xav-19 ».
Les premières doses de Paxlovid disponibles en février
Quoi qu’il en soit, Xav-19 reste un candidat traitement hospitalier peu adapté à un maniement ambulatoire. Aussi la prise en charge spécifique du Covid-19 en ville continuera-t-elle sans doute de reposer plutôt sur des antiviraux actifs par voie orale contre le SARS-CoV-2 tels que le Paxlovid.
D’ailleurs, ce médicament devrait arriver très prochainement. « Dans l’attente de la mise à disposition effective de ce traitement dans le cadre de son AMM conditionnelle, les premières doses de Paxlovid seront disponibles en France en février dans le cadre de l’autorisation d’accès précoce accordée le 21 janvier 2022 », promet l’ANSM.
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