La Russie a soumis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) une demande pour "un enregistrement accéléré et une pré-qualification » de son candidat vaccin contre le coronavirus : le Spoutnik V. C’est du moins ce qu’aurait annoncé le 27 octobre le fonds souverain russe, impliqué dans le développement de ce vaccin.
D’après l’Agence France Presse (AFP), l’enregistrement accéléré du vaccin selon la procédure de pré-qualification de l’OMS pourrait avoir deux grands types de conséquences.
Si les soumissions pour « présélection » ou « inscription dans le cadre de procédures d’utilisation d’urgence » sont confidentielles, acter l’inscription d’un produit sur la liste des vaccins autorisés impliquerait d’abord pour l’OMS de publier les résultats des évaluations ayant mené à cette décision. Alors que des chercheurs pointent un manque de transparence des résultats des essais cliniques de Spoutnik V, l’enregistrement accéléré du vaccin russe pourrait fournir à la communauté internationale plus de données concernant l'efficacité et la sécurité de ce produit.
Mais surtout, l’enregistrement du vaccin dans une telle procédure devrait favoriser son utilisation précoce : s'il était accepté, Spoutnik V pourrait devenir disponible rapidement et dans de nombreux pays.
Passage obligé par un examen des données de la littérature
Cependant, si la Russie se félicité déjà de figurer parmi « les premiers pays au monde à demander à l’OMS la pré-qualification de son vaccin contre le nouveau coronavirus », l’OMS n’a encore pré-qualifié aucun vaccin contre le covid-19. Le vaccin russe, pour pouvoir faire partie de la liste des vaccins autorisés pour une utilisation d’urgence, doit d’abord faire l’objet d’une évaluation initiale comprenan d’après l’OMS un examen des données de la littérature concernant son efficacité et sa sécurité sur la population cible. Or, les données actuellement disponibles sur ce vaccin composé de deux vecteurs adénovirus administrés à un mois d’intervalle ne font pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique internationale.
Par exemple, début septembre, les auteurs de deux études conduites sur 76 adultes volontaires en bonne santé avaient conclu dans le Lancet que le Spoutnik V entraînait bien la production d’anticorps anti-SARS-CoV-2 sans entraîner d'effets indésirables graves. Si les autorités russes avaient alors annoncé le lancement d’essais cliniques de phase 3 et le recrutement de 40 000 volontaires, de nombreux chercheurs avaient toutefois émis des doutes sur l'efficacité et la sécurité du vaccin : certains avaient pointé une absence de transparence sur les essais menés quand d’autres s’étaient interrogés sur la vraisemblance de certaines données présentant une similarité complète ou très élevée.
D’autres contrôles nécessaires
L’évaluation favorable des données de la littérature concernant Spoutnik V n'est en outre pas suffisante pour que ce vaccin soit pré-qualifié. En effet, pour qu’il soit enregistré par l’OMS, le vaccin russe devra passer d’autres contrôles concernant notamment ses processus de production et de contrôle qualité. S’il venait à être distribué, une réévaluation devrait également être réalisée à intervalles réguliers et prendre en compte des données de pharmacovigilance.
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