Tandis que face à la 5e vague, le molnupiravir semble très attendu, l’efficacité de cet antiviral anti-SARS-CoV-2 utilisable par voie orale pourrait s’avérer moins importante que prévu. C’est ce qu’a admis vendredi dernier son fabricant, Merck Sharp & Dohme (MSD).
Une efficacité initialement estimée à 50 %
Pour rappel, il y a plusieurs semaines, le laboratoire avait fait état d’une analyse intermédiaire encourageante d'un essai de phase III visant à confirmer la capacité du molnupiravir à prévenir l'aggravation de l'état clinique des individus récemment infectés les plus vulnérables. Selon ces données, le candidat médicament, administré dans les 5 jours suivant le début des symptômes et pour une durée totale de 5 jours, permettait de réduire de moitié le risque d’hospitalisation ou de décès des patients à risque de développer une forme grave.
Ces données préliminaires étaient apparues si encourageantes que le recrutement de patients dans l’étude avait été arrêté de manière anticipée.
MSD avait alors déposé des demandes d’autorisation de mise sur le marché non seulement à la Food and Drug Administration (FDA) américaine, mais aussi à l’Agence européenne du médicament (EMA). Celle-ci avait alors encouragé les pays membres de l’UE à recourir au molnupiravir en pré-AMM dès le 19 novembre en publiant de premières directives d’utilisation.
Efficacité revue à 30 %
Si bien qu'en France, 50 000 doses de ce traitement devraient arriver à partir de début décembre et être rapidement utilisés en ville. D'ailleurs, Olivier Véran, dans sa dernière conférence de presse, confirmait que les médecins généralistes devraient recevoir prochainement des recommandations de prescription.
Cependant, de nouvelles analyses de MSD, qui prennent en compte les données des derniers patients inclus dans l’essai clinique, apparaissent moins prometteuses. Dans un communiqué diffusé en fin de semaine dernière, le laboratoire évoque en effet une réduction du risque relatif de décès ou d’hospitalisation de 30 % seulement. De fait, « dans cette [nouvelle] population d’étude, le molnupiravir a réduit le risque d’hospitalisation ou de décès de 9,7 % dans le groupe placebo (68/699) à 6,8 % dans le [bras interventionnel] », détaille l’industriel.
Malgré ces résultats décevants, MSD se veut confiant, estimant que : « l’évaluation intermédiaire et ces analyses additionnelles [continuent de] soutenir l’efficacité et le rapport bénéfice-risque, [toujours] favorable, du molnupiravir ». De plus, le laboratoire souligne le « besoin important et encore non couvert en médicament per os indiqué dans la prise en charge des adultes Covid + qui sont à risque de progresser vers une forme sévère de Covid-19 ou une hospitalisation », auquel sa molécule permettrait de répondre.
Un concurrent sérieux
En réalité, l’industriel a sans doute du souci à se faire dans la mesure où le molnupiravir n’est plus le seul candidat traitement spécifique du Covid-19 et actif par voie orale en lice.
En effet, il y a trois semaines, Pfizer a lui aussi réalisé des annonces autour des performances de son Paxlovid, association d’un inhibiteur de protéase SARS-CoV-2-3CL et du ritonavir. Lors d'un essai de phase II/III, l’administration de ce candidat médicament dans les 3 à 5 premiers jours d’une infection à SARS-CoV-2 de forme encore légère ou modérée aurait permis de réduire de 89 % le risque d’hospitalisation ou de décès chez des patients pourtant à risque de forme grave.
Si bien que l’EMA aurait également commencé à se pencher sur ce nouveau venu. De la même façon qu'avec le molnupiravir, l'instance pourrait ainsi publier des directives d'utilisation du Paxlovid, ce qui permettrait aux États membres d'utiliser cet antiviral avant toute autorisation officielle.
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