De nombreuses études dont une publiée en mars de cette année a démontré que de prendre de l’aspirine sur de longue période réduirait le risque de cancer colorectal. De nouvelles recherches menées par des spécialistes de la Clinique Mayo parues dans le BMJ, vont dans le même sens mais avec toutes fois en petit bémol : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) autres que l’aspirine (comme l’ibuprofène) auraient un effet protecteur plus important que celle-ci. Complètement à l’opposé de ces résultats, des travaux publiés dans the Journal of the National Cancer Institute montrent qu'une consommation régulière des AINS est associée avec un risque de décès accru chez les patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre de type histologique 1.
Néfaste pour les patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre
En effet, une étude observationnelle dirigée par une équipe internationale de chercheurs montre que l’usage régulier des AINS induit une hausse de 66 % des risques de mourir des suites d’un cancer de l’endomètre de type 1 dans une cohorte de 4 000 patientes souffrant de cette pathologie. En revanche, aucun lien n’a été trouvé entre ces substances et le taux de mortalité chez les cancers de type 2 qui sont nettement plus agressifs. Selon les statistiques, ce lien était significativement significatif chez toutes les personnes qui ont rapporté un usage courant dans le passé de ces médicaments au moment du diagnostic, mais il était encore plus important chez les malades qui ont utilisé ces anti-inflammatoires pendant plus de 10 ans mais qui ont cessé avant le diagnostic.
Les scientifiques restent toutefois prudents face à leurs données : « ces résultats sont étranges et méritent des recherches complémentaires », souligne le Dr David Cohn, directeur du service d’oncologie gynécologique du centre contre le cancer de l’université de l’Ohio et co-auteur de l’étude.
Pour l’instant, d’après les spécialistes, ces données laissent à penser que ces médicaments joueraient un rôle dans l’inflammation chronique impliquée dans le processus tumoral. « Ces résultats sont surprenants parce qu’ils vont à l’encontre de plusieurs études qui suggéraient que les AINS peuvent être utilisés afin de réduire l’inflammation et diminuent ainsi le risque de développer voire de mourir de certains cancers comme le cancer du côlon », admet Theodore Brasky, co-auteur de l’étude.
Un moyen de prévention contre le cancer colorectal ?
Apparemment, en comparant différents AINS à travers une méta-analyse regroupant 15 essais cliniques randomisés, des chercheurs ont estimé que d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens que l’aspirine sont plus efficaces que celle-ci et que d’autres thérapies (calcium, vitamine D ou acide folique) pour prévenir la réapparition des polypes après qu’ils aient été enlevés. Or, 85 % des cancers colorectaux proviennent de polypes adénomateux non traités. « Nous savons que l’aspirine et les autres AINS ont un effet protecteur, et il existe un certain nombre d’autres suppléments nutritionnels qui ont été étudiés pour leur capacité à prévenir le cancer », déclare le Dr Hassan Murad. Pour les scientifiques, l’important était donc de les comparer les uns aux autres.
Les spécialistes modèrent tout de même leurs résultats car, malgré les chiffres, employer des AINS autres que l’aspirine pour limiter les risques de cancer du côlon ne serait pas le meilleur choix pour tous les patients au vu de la balance bénéfice/risques.
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