L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de publier une analyse sur les risques de malformations et de troubles neuro-développementaux chez les enfants exposés pendant la grossesse aux traitements antiépileptiques.
Ce travail confirme que le valproate est bien l'antiépileptique le plus à risque. Les données bien documentées sur ce médicament et ses effets lors de la grossesse ont d'ailleurs conduit à limiter fortement sa prescription dans l'épilepsie où « ce médicament est aujourd'hui contre-indiqué dans la grossesse sauf si la patiente ne peut bénéficier que de ce traitement, c'est-à-dire si elle est intolérante ou résistante à tout autre antiépileptique », indique le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments neurologiques à l'ANSM, sollicité par Le Généraliste.
Concernant les autres antiépileptiques, l'ANSM indique que les données sont insuffisantes pour apporter des conclusions définitives sur les risques de troubles neuro-développementaux. En revanche, un sur-risque de malformations congénitales (fentes palatines, hypospadias...) a été mis en évidence pour certaines de ces molécules.
Cinq autres antiépileptiques sur la sellette
L'ANSM indique que : « cinq autres substances présentent à ce jour un risque de malformation élevé par rapport à la fréquence observée dans la population générale : le topiramate, le phénobarbital, la primidone, la carbamazépine et la (fos) phénytoïne. Par ailleurs, l'ANSM appelle à la vigilance sur l'utilisation de la prégabaline (Lyrica et génériques) étant donné le risque malformatif potentiel et sa prescription importante en France. »
Une échelle de niveau de risque
« Cette analyse a confirmé qu'aucun risque malformatif nouveau n'a été identifié, en dehors de prégabaline pour lequel il y a un doute, mais sans risque avéré, ajoute le Dr Philippe Vella. Ce travail a surtout permis d'établir une échelle de niveau de risque pour l'ensemble des antiépileptiques. Avec à une extrémité le valproate (sur ses risques malformatif et neuro-développemental) et à l'autre extrémité la lamotrigine qui est le médicament le plus sûr, compte tenu des données actuellement disponibles. » Ainsi, le risque de malformations est cinq fois plus important avec le valproate, et environ multiplié par trois pour les 5 autres médicaments cités au-dessus par rapport à ce qui est observé en population générale.
Vers des prescriptions plus encadrées
À la suite de ce travail, l'ANSM réunira le 14 mai un comité d'experts indépendants (CSST) pour proposer d'autres mesures pour mieux encadrer la prescription de ces médicaments lors de la grossesse. Elles seront établies en fonction du niveau de risque de chaque médicament antiépileptique. « L'objectif est de savoir quelles dispositions mettre en place pour aider les professionnels de santé lors de la prescription de ces médicaments et quelles informations donner à ces professionnels, comme aux patientes », explique le Dr Philippe Vella.
Pour info, fin 2018, la Haute Autorité de Santé a actualisé ses recommandations sur la prise en charge des femmes épileptiques en prenant en compte les informations préliminaires du rapport que vient de publier l'ANSM.
Pour optimiser l'évolution des connaissances sur ces médicaments, l'ANSM souhaite optimiser le recueil de déclarations de pharmacovigilance. L'agence du médicament rappelle qu'un formulaire est spécifiquement dédié à la déclaration des cas de malformations ou de troubles neuro-développementaux chez des enfants dont la mère a été exposée à des antiépileptiques. Ce formulaire est disponible sur le portail signalement-sante.gouv.fr.
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