Quasiment jour pour jour après la publication de la recommandation très contestée de la HAS sur la « Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques », 24 sociétés savantes de spécialités ou instances représentatives - dont deux de médecine générale, le CNGE et le CMG - viennent discrètement de publier leurs propres recommandations sur la maladie de Lyme dans la revue "Médecine et maladies infectieuses" des 14 et 31 mai.
Seront-elles de nature à relancer la controverse sur le diagnostic et le traitement de cette pathologie ? L’an dernier, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait refusé d’avaliser le texte des recommandations de la HAS en dernière lecture et avait retiré sa caution de la recommandation. En cause, la fameuse notion de maladie chronique, notion défendue par les associations de patients et pudiquement nommée « Symptomatologie/Syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique » par la HAS. L'Académie de médecine et le CNGE avaient aussitôt emboîté le pas de la Spilf, jugeant cette notion scientifiquement infondée.
Les nouvelles recommandations de société savantes seront discutées vendredi prochain, aux Journées nationales d’infectiologie à Lyon.
Pas de forme chronique
À rebours de la HAS, ces guidelines balayent l'existence de « symptômes persistants inexpliqués liés à la maladie. » Les patients présentant des symptômes persistants divers "attribués à une borréliose de Lyme" relèvent en très grande majorité d'« un autre diagnostic. » Il est donc « recommandé de ne pas répéter ou prolonger les cures d'antibiothérapies », jugent les experts.
Interrogé par Le Généraliste, le Pr Henri Partouche (médecin généraliste à Saint-Ouen et enseignant à la faculté de médecine Paris Descartes) milite pour le maintien d’une démarche clinique classique devant des patients se plaignant de symptômes chroniques qu’ils attribuent à une morsure de tique ancienne ou un Lyme ancien diagnostiqué et traité. « Trois études françaises ont montré que chez 80 % des patients qui consultent avec ce type de diagnostic, on retrouve une étiologie précise. Nous médecins devons aussi nous méfier de nos biais cognitifs de raisonnement liés à un diagnostic d’encrage erroné. »
Les sociétés savantes recommandent toutefois aux médecins de prendre le temps de fournir des explications « détaillées et surtout personnalisées » à leurs patients, et d'éviter les simplifications abusives et stigmatisantes. Une longue liste de causes possibles pour des symptômes persistants au décours d’une borréliose de Lyme documentée ou suspectée a été établie.
Compte tenu de la continuité entre les formes localisées et disséminées précoces et de l’efficacité de la doxycycline en cas de neuroborréliose, cet antibiotique est privilégié en première intention pour le traitement de l’érythème migrans pendant 14 jours avec l’amoxicilline en alternative. Exit l’azithromycine de la 2e ligne. Surtout « pas question de réaliser un test de dépistage, ni une antibiothérapie après une simple morsure de tique », assure le Pr Partouche.
L'incidence de la maladie est stable
Enfin, les spécialistes confirment la fiabilité des deux tests diagnostiques sérologiques, à faire en deux temps : un premier test (ELISA) pour le dépistage et en cas de positivité, une confirmation par immuno-empreinte (Western Blot), de meilleure spécificité. Les auteurs affirment aussi que l'incidence de la maladie est stable et non en expansion, s'appuyant sur la moyenne des nouveaux cas confirmés depuis 2009, recensés par Santé publique France.
Ces textes ont été élaborés à la demande de la Direction générale de la Santé (ministère), qui a envoyé un courrier à la Spilf en septembre dernier pour lui confier « la coordination de l'élaboration de nouvelles recommandations pratiques concernant la prévention, le diagnostic, et le traitement de la borréliose de Lyme », afin de ne pas « laisser les professionnels de santé et les patients sans repères. »
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