Si la HAS s’est prononcée en faveur du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) pour les jeunes garçons, cette mesure n’est pour l’heure pas encore définitive. Avant d’éventuellement entériner cette recommandation, une consultation publique a été mise en place. La Haute autorité joue la carte de la démocratie participative en recueillant les avis « des associations de patients et d’usagers du système de santé, les collèges nationaux professionnels, les sociétés savantes, les institutions publiques, les industriels, etc. » La Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations (CTV) et membre du Collège de la HAS, précise que « depuis la mise en place de la CTV au sein de la HAS, ce dispositif de concertation publique est systématique dès qu’un avis de la HAS impacte les recommandations vaccinales françaises ». Concernant la vaccination anti-HPV, cette consultation publique est d’autant plus justifiée qu’elle a fait l’objet de nombreux débats, controverses et… fake news ! La HAS souhaite donc afficher la plus grande transparence sur son travail, en prenant éventuellement en compte certaines remarques qui leur parviendront grâce à cette concertation.
Dès 11 ans
Comme une quinzaine de pays européens, mais aussi les États-Unis, le Canada et l’Australie, la HAS souhaite qu’en France on vaccine les garçons. Cela se ferait de 11 à 14 ans avec un rattrapage de 15 à 19 ans. Actuellement, elle est recommandée et remboursée pour les filles, mais aussi chez tout patient immunodéprimé dans ces mêmes tranches d’âge. Chez les candidats à une transplantation, cette vaccination peut être initiée dès 9 ans. Le vaccin Gardasil 9 est aussi recommandé jusqu'à l'âge de 26 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH).
Pour la HAS, de nombreux arguments scientifiques motivent cette recommandation. On estime en effet que la proportion des cas attribuables au virus HPV est de 23 % pour les cancers de la vulve et du vagin, 91 % pour l’anus, 34 % pour l’oropharynx, et 4 % pour le larynx et la cavité buccale (en plus des 100 % pour le cancer du col utérin). Par ailleurs, près de 25 % des cancers provoqués par ce virus surviennent chez les hommes. Le vaccin a prouvé son efficacité dans la prévention des condylomes génitaux et des lésions cancéreuses liées aux HPV, argumente la HAS.
En plus des données scientifiques, cette recommandation est motivée par des arguments éthiques, en particulier d’équité, en responsabilisant les adolescents. Élargir cette vaccination à l’ensemble des garçons « bénéficierait non seulement à leur santé, en les protégeant directement, mais améliorerait aussi la protection des jeunes filles non vaccinées », souligne la HAS. L’autre argument est de proposer à tous les adolescents une protection avant le début de leur activité sexuelle et sans distinction de leurs futures préférences sexuelles.
Une politique vaccinale plus engagée
L’agence de santé a conscience qu’un élargissement de cette vaccination à l’ensemble des garçons n’a de sens que si la couverture vaccinale arrive un niveau supérieur de celui actuellement atteint côté féminin (24 % avec un schéma complet à 16 ans). La HAS demande donc aux pouvoirs publics de mettre en œuvre « une politique vaccinale plus engagée ». La semaine dernière, le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) écartait les doutes sur la sécurité du vaccin et appelait à « une information claire et complète [des patientes] sur le papillomavirus et sur le vaccin [afin] d’améliorer le processus de décision partagée vis-à-vis de la vaccination. » La consultation publique mise en place par la HAS est ouverte jusqu'au 27 novembre, les intervenants peuvent formuler leur avis sur le site de la HAS. Ces contributions seront « analysées et discutées pour aboutir à la version finale de la recommandation ». Beaucoup d’experts et de sociétés savantes se sont déjà prononcés en faveur de cette vaccination masculine, comme la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale, ou encore l’Académie nationale de médecine le mois dernier. En début d’année, Agnès Buzyn elle-même, qui a saisi la HAS sur ce sujet, avait déclaré y être favorable. Au terme de cette concertation, il y a donc fort à parier que la HAS recommande cette vaccination masculine qui devrait être alors intégrée dans le prochain calendrier des vaccinations.
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