Le paludisme (du latin paludis, « marais »), aussi appelé malaria (de l'italien mal'aria, « mauvais air »), est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles. Dans cette première partie , nous ferons un historique de cette maladie qui sévit depuis l'aube de l'humanité alors que la semaine prochaine nous en évoquerons les traitements. Avec 207 millions de personnes infectées et 627 000 décès en 2012, le paludisme demeure la parasitose la plus importante, même s'il est en très légère régression. Dans les années 1990, en effet, le paludisme était annuellement la cause de 400 à 900 millions de cas de fièvres, et entre 700 000 et 2,7 millions de morts, soit en moyenne un mort toutes les 30 secondes. La grande majorité des victimes sont les enfants de moins de 5 ans et, aussi, les femmes enceintes. Ces dernières sont particulièrement vulnérables car le placenta constitue une cible où Plasmodium falciparum peut s'accumuler. Une maladie apparue... il y a 50 000 ans Le paludisme a commencé a frapper l'homme voilà près de 50 000 ans et aurait été un pathogène depuis le début de l'histoire de notre espèce. On trouve en effet des parasites proches de celui de la malaria chez les chimpanzés, l'animal qui, génétiquemen, se trouve le plus proche de l'homme. Ces singes abritent un parasite du paludisme, le Plasmodium reichenowi, proche du Plasmodium falciparum ; les gorilles abritent quant à eux le Plasmodium falciparum qui pourrait être à l'origine du parasite humain. Quand l'homme a commencé à pratiquer l'agriculture et est passé à la sédentarisation, 8 000 ans avant Jésus-Christ, durant l'ère néolithique, le paludisme a commencé à avoir un impact majeur sur la survie humaine, . Une des conséquences (impact + modification du mode de vie) en est la sélection naturelle des gènes de la drépanocytose, des thalassémies, du déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase, de l'elliptocytose héréditaire. Ces maladies qui touchent les globules rouges du sang, donnent un avantage sélectif envers le paludisme. Toutankhamon, une célèbre victime du paludisme [[asset:image:2441 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":["Toutankhamon est vraisemblablement mort du paludisme en 1327 avant J\u00e9sus-Christ"]}]]Des mentions de fièvres ressemblant au paludisme ont été rapportées dans les écrits égyptiens 1 500 ans avant Jesus-Christ, le plus ancien texte concernant les infections dues à un parasite étant le papyrus Ebers rédigé à Louxor. En janvier 2010, une équipe de chercheurs américano-égyptienne a prouvé, par l'analyse de l'ADN, que Toutankhamon était atteint de paludisme au moment de son décès, vers 1327 avant Jésus-Christ. En Inde, les Veda (« Textes de la connaissance ») font état des fièvres paludiques et au Ve siècle avant notre ère les médecins Charaka et Sushruta font une description de la maladie en lui associant la piqûre de moustique. Alexandre le Grand, mort en 323 avant Jésus-Christ ne serait pas mort d'un empoisonnement comme on l'a longtemps cru mais du paludisme. Dans les "Ephémérides", ses historiens évoquent en effet des accès de fièvre qui ressemblent fortement à un accès paludique. Hippocrate décrit aussi les symptômes d'une fièvre intermittente qu'il impute à certaines conditions climatiques et environnementales, et les divise en trois types : febris tertiana (tous les trois jours), quartana (tous les quatre jours), et quotidiana ou continua (dorénavant appelée tropica). Vers 186 avant J.-C. apparaît contre les fièvres intermittentes, dans certaines régions de Chine, l'utilisation, en tisane, du qing hao su ( qui prendra le nom d'artémisinine en Occident), extrait d'une plante médicinale utilisée comme antipyrétique appelée qing hao (Artemisia annua ou « Armoise annuelle »). Les racines du chángshen (Dichroa febrifuga) ont aussi alors pour les médecins chinois des effets thérapeutiques certains sur la maladie. Au premier siècle avant Jésus-Christ, le Huangdi Neijing (« Le Canon de Médecine ») fait aussi référence à des périodes de fièvre paludique dans l'Empire du Milieu. [[asset:image:2451 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":["L\u0027armoise a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9e d\u00e8s le IIe si\u00e8cle avant J\u00e9sus-Christ par les m\u00e9decins chinois contre le paludisme"]}]]Shakespeare cite le paludisme dans huit de ses pièces Jusqu'au début du XXe siècle, Le va toucher une grande partie du continent européen, la maladie venue d'Afrique s'étant à l'origine diffusée dans l'Empire romain. Au XVIe siècle, en Angleterre, la mortalité due à la malaria était comparable à celle de l'Afrique subsaharienne d'aujourd'hui. Même si Shakespeare est né au début d'une période plus froide appelée le « petit âge glaciaire », il connaissait suffisamment les ravages du paludisme pour le citer dans huit de ses pièces. Dans les années 1500, ce sont probablement les colons européens et leurs esclaves qui ont amené le paludisme aux Amériques. Christophe Colomb avait d'ailleurs déjà eu des crises de paludisme avant son premier voyage en 1492. ». Une étude réalisée en 2012 sur des marqueurs génétiques de milliers d'échantillons de Plasmodium falciparum confirme l'origine africaine du parasite en Amérique du Sud (les Européens ayant été eux-mêmes affectés par cette maladie par l'intermédiaire de l'Afrique) : il a emprunté entre le milieu du XVIe siècle et le milieu du XIXe les deux routes principales de la traite négrière, la première menant en Colombie) par les Espagnols et la seconde au Brésil par les Portugais. [[asset:image:2446 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":["Christophe Colomb avait souffert de crises de paludisme avant son voyage dans les \u0022 terres nouvelles \u0022. "]}]]Une maladie qui sévit en Europe jusqu'au XXe siècle Jusqu'au XXe siècle, des épidémies de paludisme se sont produites jusque dans le nord de l'Europe. La régression du paludisme en Europe est principalement due à l'assèchement des marais et au drainage des zones humides. Ainsi, en France métropolitaine, le paludisme n'a disparu qu'il y a peu. Il était encore présent en 1931 dans le marais poitevin, la Brenne, la plaine d'Alsace, les Flandres, les Landes, en Sologne, en Puisaye, dans le golfe du Morbihan, en Camargue... Durant tout le Moyen Âge et sous la Renaissance, le paludisme affectait surtout les campagnes ; ce même lors que bon nombre de cités étaient établies le long des fleuves pour les commodités de transport, et malgré les inondations périodiques de ces fleuves dans bien des endroits. La fin du XVIe siècle vit une recrudescence des fièvres, les guerres de Religion forçant les citadins à s’enfermer dans des murailles entourées de fossés aux eaux croupissantes. De même à Paris au XIXe siècle, les grands travaux de Haussman ont occasionné des creusements importants et de longue durée. Les flaques, mares et autres points d'eau croupissantes perduraient longtemps, engendrant une pullulation d'anophèles au milieu d'une grande concentration d'humains. De plus un grand nombre d’ouvrier, originaires de régions infectées, étaient porteurs du plasmodium. Un peu plus tôt, ’épidémie de Pithiviers en 1802, avait motivé par sa gravité l'envoi d’une commission de la Faculté de médecine ; elle était due à une très grosse inondation, d'ampleur inhabituelle, qui avait couvert d'eau les prairies avoisinantes pendant plusieurs semaines. Le paludisme n'a été éradiqué de Corse qu' en 1973. Inconnu du temps de la présence romaine, la maladie a été introduite lors des raids vandales. L'île de Beauté a connu sa dernière épidémie de cas non importés à Plasmodium vivax de 1970 à 1973. Fait notable, en 2006 un cas autochtone de Plasmodium vivax a été recensé sur l'île. Depuis, la quasi-totalité des cas observés en France sont des paludismes d'importation, les troupes venant des colonies étant à l'origine des dernières épidémies mentionnées. Plasmodium vivax a aussi sévi jusqu'en 1958 dans les polders de Belgique et des Pays-Bas. L'Afrique sub-saharienne, partie du monde la plus touchée aujourd'hui Le paludisme reste aujourd'hui la maladie parasitaire la plus répandue dans le monde et reste au premier rang des priorités de l'OMS tant par ses ravages directs que par ses conséquences socio-économiques. Le paludisme est endémique dans les zones intertropicales dans les Amériques, dans de nombreux pays d'Asie et dans une grande partie de l'Afrique. C'est en Afrique sub-saharienne que 85 à 90 % des décès du paludisme se produisent dorénavant. La distribution géographique de la maladie est complex, et l'on trouve ainsi des zones paludiques et non-paludiques proches l'une de l'autre. Dans les régions sèches, les périodes de paludisme peuvent être prédîtes sans trop d'erreurs en utilisant les cartes de précipitation. [[asset:image:2456 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]À l'opposé de la dengue, le paludisme est davantage présent dans les campagnes que dans les villes. Ainsi au Viêt Nam, au Laos et au Cambodge, les cas de paludisme ne se rencontrent pratiquement pas en ville, mais il reste présent dans les campagnes. En Afrique, en revanche, le paludisme est présent aussi bien dans les zones rurales qu'urbaines, même si le risque est diminué dans les grandes villes. |
Petite histoire des grandes maladies (7)
Le paludisme, le " mauvais air " de la peur
Publié le 17/08/2014
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De la peste noire au Sida, en passant par le choléra et la grippe, les grandes épidémies ont accompagné les grandes étapes de l'histoire de l'humanité. Chaque week-end, durant l’été, retrouvez l’histoire des maladies qui, au fil des siècles, ont ébranlé le monde. |

Crédit photo : MAURO FERMARIELLO/SPL/PHANIE
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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