« Le sport est bénéfique chez l’asthmatique », clarifie d’emblée le Pr Anne Charloux (service de Physiologie et d'Explorations Fonctionnelles, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) et, globalement, les patients se sentent mieux lorsqu’ils font du sport avec une moindre hyperactivité bronchique pour les efforts du quotidien. L’effet respiratoire bénéfique de l’activité physique chez l’asthmatique est d’ailleurs bien documenté dans le cadre du réentraînement à l’effort, avec une amélioration de l’hyperréactivité bronchique, une réduction du bronchospasme induit par l’effort et de la qualité de vie.
Le sport plutôt facteur favorisant que cause d’asthme
Chez les sportifs de haut niveau, la très forte incidence de l’asthme dans certaines disciplines (jusqu’à 60 % des nageurs dans certaines équipes olympiques de natation) suggère toutefois que la pratique intensive de sport d’endurance pourrait être à l’origine d’authentiques asthmes. Mais chez le sportif « tout venant », la donne est différente. Et même si l’on a peu de données permettant d’établir quel est le rôle exact du sport dans l’apparition de l’asthme, « il semble que l’activité physique soit plus un facteur déclenchant de bronchospasme chez des sujets présentant déjà un asthme (ou au minimum une hyperréactivité bronchique) qu’une réelle cause d’asthme de novo », explique le Pr Charloux.
En effet, « en faisant du sport, les asthmatiques se mettent dans des situations où le bronchospasme peut
apparaître du fait de la déshydratation bronchique ou du fait de l’expositionà certains allergènes type graminées lors de jogging à la campagne, par exemple, ou acariens lors de sports en salle ». L’hyperventilation en elle-même contribue par ailleurs à la libération de médiateurs bronchoconstricteurs.
La plongée sous-marine, seule contre-indication qui vaille
Pour autant, en dehors de la plongée bouteille, « l’asthme ne contre-indique aucun sport » insiste le Pr Charloux et la tendance est, au contraire, à encourager de plus en plus la pratique sportive chez l’asthmatique. Une publication récente (CA Coop et al. Clin Rev Allergy Immunol. Février 2015 ) propose même des pistes pour assouplir la contre-indication concernant la plongée qui pourrait être autorisée chez l’asthmatique dans certains cas.
La survenue de crise à l’effort n’interdit pas non plus la pratique d’un sport, car « il y a des moyens de lutter contre cela de façon très efficace comme la prise de b2 mimétiques de courte durée d’action avant la séance voire pendant et après l’effort si nécessaire ». En traitement de fond, les anti-leucotriènes de type montelukast (associés ou non à des b2 de longue durée d’action sont aussi très efficaces en cas d’asthme d’effort. Différentes petites mesures non médicamenteuses (échauffement, hydratation avant et pendant l’effort, port d’un cache-nez en cas de sport dans le froid, etc.) peuvent aussi aider.
Dépister et équilibrer l’asthme , un prérequis indispensable
Dans tous les cas, l’équilibration du traitement, le contrôle de l’asthme et l’éducation thérapeutique du patient sont primordiaux. En témoigne une étude américaine qui a analysé tous les cas de décès par asthme survenus au cours ou décours d’un événement sportif aux États-Unis entre 1993 et 2000. Soixante et un cas ont été recensés le plus souvent chez de jeunes sportifs (10-14 ans) de sexe masculin, ayant un asthme connu pour la grande majorité d’entre eux (91 %), non sévère mais non traité au long cours. Les sports en cause étaient ceux pratiqués couramment (principalement le basket-ball, la course, la gymnastique et le football) aussi bien à l’occasion de compétitions que lors de la pratique de loisir.
Plus qu’à la nature ou au niveau du sport pratiqué, « la mortalité semble donc surtout liée au fait que l’asthme soit ou non bien traité et bien équilibré », résume le Pr Charloux. Encore faut-il avoir repéré l’asthme. Or, actuellement, dans le cadre des certificats de sport par exemple, « on dépiste mieux les problèmes cardiaques que les troubles respiratoires », reconnaît le Pr Charloux.
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