Voici trois observations recueillies au cours de ma longue carrière médicale sur de vaillants octogénaires qui n’avaient pas abdiqué et qui sacrifiaient encore à Vénus avec une belle vigueur.
Le premier de mes sujets était un marchand de pierres à bâtir qui avait dépassé 80 ans. Sa gouvernante, qui avait alors 45 ans, me fit appeler, d’abord pour lui donner des soins à elle-même et ensuite pour lui fournir les moyens de réprimer les ardeurs génésiques de celui dont elle avait la direction et la charge. « Ce satyre, me disait-elle, n’est jamais assouvi, et moi, je suis sur les dents. » « Ne croyez pas, ajoutait-elle, que ses efforts soient sans résultats, ils sont positifs ; et, n’étaient son âge et le mien, je pourrais craindre une grossesse. » Elle exagérait un peu sans doute, mais le vieillard m’a confirmé ces paroles avec finesse et avec gaîté.
Le deuxième, ancien boulanger et du même âge que le précédent, m’affirmait qu’il n’avait jamais été mieux disposé à sacrifier à Vénus que depuis son entrée dans la 80e année.
Sa femme était atteinte d’une adipose exagérée qui mettait tout obstacle aux rapprochements et ce fut une femme d’âge canonique qui la suppléa. Sans s’être jamais plainte des exigences du vieillard, elle l’a enterré, il y a quelques années et a gardé de lui et de sa vaillance un souvenir reconnaissant.
Enfin, la troisième observation concerne le meilleur de mes amis. Elle a, pour moi, le caractère absolu de la vérité. Le sujet est un vieux médecin, cultivé, qui est entré dans sa 80e année depuis 4 mois déjà. Il donne satisfaction à une jeune femme de 29 ans qui semble se contenter de ses faveurs.
Les deux premiers sont morts en beauté puisque ni l’un ni l’autre n’ont présenté de signes de gâtisme. Tous les deux étaient intelligents, mais nullement cultivés et ne pouvaient être classés parmi les intellectuels. Tous les deux ont simplement obéi à leur sens et entretenu leurs organes génitaux. Le second même semble avoir confirmé la démonstration de Steinach sur la sécrétion endocrinienne accrue par le repos de la glande à fabriquer des spermatozoïdes puisque c’est à 80 ans qu’il a remarqué l’accroissement de ses désirs vénériens et une plus grande aptitude à les assouvir.
Quant au troisième sujet, il est encore bien vivant et son histoire, à elle seule, suffirait à combattre l’opinion accréditée des dangers imputés au charmant petit dieu Cupidon. C’est un médecin qui est en cause, je l’ai déjà dit, et dès sa première jeunesse, au Quartier Latin, il était déjà un admirateur passionné de Musette. Il s’est marié, a eu de beaux enfants et plusieurs maîtresses. Il a eu la douleur de perdre sa femme, excellente mère de famille. Et, après trois ans de veuvage, a convolé de nouveau en de justes noces. Il avait alors 64 ans et resta fidèle à sa jeune compagne, plus jeune que lui.
Dix ans plus tard, à 75 ans, il la perdait. Brisé par le chagrin, il semblait avoir perdu, en même temps que le désir de lui survivre, tout ce qui, jusque-là, l’avait rattaché à la vie : ses sens eux-mêmes étaient muets.
Cependant, six mois plus tard, entouré de l’affection des siens, d’une gaîté constante, d’une atmosphère délicieuse, il reprit goût à l’existence ; ses glandes endocrines ont recommencé à sécréter leurs hormones et ses sens qui semblaient anéantis ont poussé le cri de la résurrection. Aujourd’hui, ce vieil homme, qui est dans sa 80e année, continue à sacrifier à la beauté.
Dans ma longue carrière médicale, j’ai rencontré beaucoup de cas de longévité amoureuse, mais les trois observations que je viens de résumer aujourd’hui me semblent confirmer l’opinion de notre confrère Briau, pour ne pas avoir à en citer d’autres, à savoir que « la satisfaction régulière de l’instinct sexuel recule la sénilité de l’organisme et de l’intelligence ».
Je crois, de plus, que le milieu dans lequel vit un vieillard a une grande influence sur sa longévité sexuelle, quand il a conservé une imagination un peu vive, un caractère gai et un moral assez philosophique pour se dégager de tous les petits incidents qui l’entourent, en un mot pour éviter le cafard.
(Dr A. Thomas, Hyères [Var], Chronique Médicale » , janvier 1929)
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