Aliments, boissons, détergents, parfums, textiles, de nos jours, les enzymes génétiquement modifiées sont très utilisées pour la création d’arômes artificiels et pour booster l’efficacité de la plupart des produits ménagers, voire de certains médicaments. L’attente des consommateurs pour des saveurs « naturelles » a permis le développement du secteur qui aujourd’hui représente près de 10 milliards de dollars. Cependant, ces enzymes artificielles pourraient engendrer des allergies chez ceux qui y sont fréquemment exposés en particulier pour des raisons professionnelles selon une étude parue dans Occupational and Environmental Medicine le 21 septembre.
Un quart des employés avaient des anticorps spécifiques aux enzymes
Afin de vérifier cette théorie, une équipe allemande a tâché d’identifier la présence d’IgE spécifiques à certains enzymes modifiées dans des échantillons sanguins provenant d’employés des usines où elles sont utilisées. Les 813 personnes sélectionnées travaillaient sur les lieux depuis 3 mois à 10 ans et étaient exposées en moyenne à 2 à 4 enzymes artificielles. Les anticorps de plus d’une dizaine d’entre elles ont été testés dont la phytase, la trypsine ou la lipase .
Les analyses sanguines ont révélé que près d’un quart des employés (23 %) présentait des anticorps spécifiques aux enzymes artificielles auquel ils étaient soumis durant la journée. C’est l’alpha amylase qui est responsable de la sensibilisation la plus importante. 44 % des travailleurs exposés produisaient des anticorps ! Elle est suivie de près par la stainzyme (41 %) et la pancréatinine (35 %). Or, ces enzymes sont particulièrement utilisées dans les détergents et les produits ménagers en général. Seule la lipase n’engendre la production d’anticorps spécifiques que chez 4 % des personnes en contact. Les niveaux d’anticorps les plus hauts (plus de 110kU/l) ont été relevés chez les individus exposés aux phytase, glucanase (alimentation) et xylanase (textile).
Les anticorps liés à des symptômes d’allergies
Par la suite, 134 personnes parmi les participants se sont pliées à des tests afin d’examiner leurs capacités respiratoires ou d’éventuelles réactions cutanées. Ils ont également été questionnés pour voir s’ils étaient soumis à d’autres facteurs de risques comme la cigarette. On leur a aussi demandé s’ils souffraient de symptômes d’allergies comme la rhinite, la conjonctive, l’asthme, la toux, le wheezing, le souffle court ou la fièvre. Les statistiques démontrent que plus d’un tiers du groupe (36 %) a contracté des rhinites ou de l’asthme dus à leur travail. De même, les personnes présentant ces symptômes avaient deux fois plus de chance que les autres de présenter un niveau élevé d’anticorps.
Les auteurs admettent que leurs travaux ont été entravés par le secret commercial qui les a empêchés d'avoir accès aux formules utilisées. Ils concluent néanmoins qu’« il est possible que l’introduction de nouvelles enzymes puisse augmenter les risques d’allergies en absence de mesures préventives appropriées ». En effet, en raison de l’absence de tests diagnostiques commerciaux disponibles, peu de personnes parmi celles exposés bénéficient d’une surveillance régulière. Pour effectuer leurs recherches, les scientifiques ont dû concevoir leurs propres tests diagnostiques car il n’existe sur le marché que des tests pour les enzymes d’origine naturelle. Selon l’équipe, la législation des enzymes dépend de leur usage et non du risque qu’elles génèrent sur la santé. Ils insistent sur le fait que « les enzymes devraient être testées au même titre que n’importe quel autre produit chimique dangereux ».
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