C’est un combat parlementaire perdu d’avance, puisque le texte déjà rejeté en commission ne devrait pas être adopté dans l’hémicycle jeudi prochain. En déposant cette proposition de loi UMP visant à mieux diagnostiquer, soigner et prévenir la maladie de Lyme, les députés UMP François Vannson (Vosges) et Marcel Bonnot (Doubs) semblent surtout avoir pour objectif de mobiliser urbi et orbi sur la maladie. Leur texte, vise à améliorer la connaissance du nombre, des besoins et des modalités de prise en charge des personnes atteintes par la maladie de Lyme, et prévoit la publication d'un rapport par le gouvernement dans un délai de deux ans. Il vise aussi à améliorer la formation des professionnels en en faisant un thème prioritaire de FMC. Enfin, leur proposition de loi prévoit un plan quiquennal pour lutter contre une maladie en pleine expansion.
Les signataires ont tenu une conférence de presse mardi, avec le soutien du Pr Christian Peronne, du HCSP, spécialiste de la maladie. Etaient présents également, un généraliste alsacien, François Lallemand (photo), très investi dans la lutte contre la maladie. « Comme je suis à la frontière je me forme depuis plus de 20 ans en Allemagne, plus avancée qu’en France sur la maladie de Lyme » explique-t-il. Comme d’autres, le Dr Lallemand remet en cause la fiabilité du test de diagnostic Elisa, préconisé en France : « Depuis 2008, je fais pratiquer le test Western Blot utilisé en Allemagne ». En effet, il existe une grande disparité en France entre les WB, les seuils de positivité sont variables, leur composition est imprécise, des tests de première et deuxième génération cohabitent, ... Autant d’arguments qui ont conduit le généraliste à faire réliser les tests Outre-Rhin hors autorisation.
Il a également rencontré des problèmes pour traiter les patients atteints de la maladie. Attaqué par l’Ordre pour la prescription du Tic Tox, une huile essentielle, il s’en sort avec un blâme : « Nous sommes très peu à traiter la maladie de Lyme, et les médecins qui le font sont harcelés. Plusieurs procès doivent encore avoir lieu dans les prochains jours » confie-t-il. Même si la proposition de loi a été rejetée, le Dr Lallemand continue son combat « Il y a une véritable révolte chez les malades, on ne peut pas baisser les bras ».
Les partisans de cette proposition de loi s’inquiètent de la progression de la maladie, mais aussi de sa probable sous-déclaration dans l’hexagone (5000 cas recensés en 2012 contre 1 million en Allemagne !), du déni qui l’entoure et de l’inadapation du test de dépistage en usage en France. Au-delà, ils interrogent les autorités de santé publique : alors que la transmission materno-fœtale est avérée, se pose pour eux la question de la transmission par voie sanguine et sexuelle.
Les députés de la majorité ont assuré en commission, le 28 janvier, qu'ils partageaient les objectifs du rapporteur devant cet important problème de santé publique, mais ont voté contre la proposition de loi, jugeant que l'état actuel des dispositifs règlementaires et des publications en cours sur le sujet permettaient d'envisager au mieux l'approche de cette maladie par les pouvoirs publics. Un rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) avait déjà été publié en 2014, ont-ils rappelé, estimant peu opportune la publication d'un nouveau rapport. Les députés auront néanmoins l’occasion jeudi d’interpeller le gouvernement jeudi pour l'encourager à mettre en oeuvre des actions concrètes. Et pourquoi pas au travers du projet de Loi Santé...
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