Après San Clemente (1982) et Urgences (1987), Raymond Depardon retrouve le milieu psychiatrique avec la sortie sur les écrans ce mercredi 29 novembre de « 12 jours ».
Ce documentaire, le 20e de Raymond Depardon, capte les audiences des patients hospitalisés sans consentement face au juge qui doit statuer sur la poursuite ou non de cette hospitalisation. Trois caméras ont suffi au photographe et cinéaste pour capter des scènes d’une rare intensité.
Sur les quelque soixante-dix audiences auxquelles il a assisté, le documentariste en a choisi dix. Dix moments d’échange entre un patient et un juge des libertés et de la détention. Certains admis récemment, d’autres hospitalisés depuis parfois plusieurs mois ou plusieurs années. Tous doivent passer devant le juge, alors présent à l’hôpital pour une audience foraine. Une loi de 2013 l’oblige à se prononcer dans les douze jours suivant l’admission du patient sur une éventuelle prolongation de l’hospitalisation sous contrainte. L’avis préalable de trois psychiatres, réunis en collège, doit guider le juge dans la prise de décision.
Avec un œil juste et plein d’empathie, Raymond Depardon donne à voir une parole longtemps restée cloîtrée entre les murs des hôpitaux. Celle des patients et de leur rapport à la liberté, à la maladie ou à l’institution judiciaire. Il en ressort une véritable volonté de s’exprimer devant la justice. Un besoin d’écoute parfaitement satisfait par les magistrats dont la bienveillance ne saurait être liée à l’absurdité – parfois comique – des discussions. Le système judiciaire français et les malades peuvent-ils s’entendre ? À en croire les décisions des juges, qui suivent sans exception l’avis des psychiatres, c’est l’institution judiciaire qui ne comprend pas les malades.
Faut-il y voir les effets pervers d’une loi dont la mise en application est encore tâtonnante et qui questionne le véritable pouvoir de décision des juges, relégués au rang d’avaliseurs de la décision des psychiatres ? Si les patients parlent, c’est pour exprimer leur faiblesse face à la situation qui leur est imposée. Cette femme qui, séparée de sa fille de deux ans, veut la retrouver absolument. Celle qui regrette la violence avec laquelle elle a été admise de force. Ou celui qui, probablement assommé par les médicaments, semble tout ignorer des enjeux de la rencontre. Autant de portraits de « fous » qu’on ne voit ni n’entend rarement. La force du documentaire de Raymond Depardon est de les montrer. Mais qui les écoutera ?
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