Une étude rétrospective très originale publiée dans le British Medical Journal du 10 octobre, s’est intéressée aux complications post-opératoires survenues entre janvier 2007 et décembre 2005, auprès de 1 159 687 patients opérés en Ontario, au Canada. L’étude a sélectionné des patients ayant subi une des vingt-cinq interventions, comme une appendicectomie, un bypass gastrique, une résection colique, une résection hépatique, une cholécystectomie, des poses de prothèses totales de hanche ou de genou, une prostatectomie, une cystectomie, etc. Ces interventions ont été effectuées par 3 314 chirurgiens dont 774 femmes et 2 540 hommes.
En préambule, les auteurs de cet article ont indiqué les quatre facteurs importants pour une « bonne pratique » chirurgicale : "des connaissances, des compétences en communication, le jugement et un savoir technique".
Pour pouvoir comparer ce qui est comparable
La pertinence de cette étude est d’avoir pu faire correspondre un grand nombre de critères dans le but de pouvoir établir une comparaison entre les chirurgiens féminins et masculins, et leur pratique. Ainsi pour obtenir une analyse appariée, certains critères ont été pris en compte, parmi ceux-ci : l’âge du chirurgien, ses années d’expérience, les volumes opératoires, la spécialité chirurgicale. Coté patients : l’âge, le sexe, l’origine géographique, les revenus, la comorbidité. Le type d’hôpital était aussi pris en compte. Au final, beaucoup de patients ont été écartés de cette étude en raison de l’impossibilité d’effectuer une comparaison fiable. Au total 104 630 patients ont été retenus dans cette étude.
Moins de décès à 30 jours
Dans les trente jours post-opératoires, un peu moins de patients opérés par les femmes étaient décédés, ont été réhospitalisés ou ont eu des complications (5 810 de 52 315, 11,1%, de 10,9% à 11,4%) par rapport à ceux opérés par les hommes (6 046 de 52 315, 11,6% de 11,3% à 11,8%). La petite différence significative d’un point de vue statistique porte sur la mortalité à trente jours qui est légèrement inférieure pour les patients opérés par les femmes. En revanche, il n’y a pas de différence significative concernant les événements post-chirurgicaux : durée du séjour hospitalier, complications et réadmissions.
"Nous ne connaissons pas les mécanismes qui sous-tendent les meilleurs résultats concernant les patients traités par des chirurgiennes", indiquent les auteurs de l’article, "pourtant cela pourrait être lié à la délivrance de soins plus conformes aux guidelines, à une pratique davantage centrée vers les patients, et plus impliquée dans la communication".
Cette étude pose également d’autres questions, en particulier sur l'importance de la dimension socio-culturelle et économique, puisqu’elle a été conduite au Canada (Ontario).
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