Tout avait été fait pour que ce jour fût une grande fête, une journée de joutes et de tournois ayant été organisée à Paris, non loin de la place des Vosges, devant l’hôtel des Tournelles, pour célébrer le mariage de Marguerite, sœur du roi de France, Henri II, avec le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert et celui d’Elisabeth, fille aînée du roi de France, avec Philippe II d’Espagne. Et quoi de mieux que de la distraction virile pour satisfaire la populace accourue en grand nombre pour l’occasion !
[[asset:image:6151 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]La fête battit donc son plein toute la journée et Henri II, qui était fort adroit dans cet exercice, avait déjà « couru plusieurs lances » gagnant haut la main ses deux premiers assauts. Mais, pour gagner le tournoi, le roi doit encore vaincre le capitaine de sa garde écossaise, le seigneur de Lorges, Gabriel de Montgomery. Lors de leur première confrontation, le combat n’aboutit pas, les deux adversaires ayant brisé leur lance. Le jeune Montgomery qui se souvient peut-être que son propre père avait manqué tuer François Ier dans un tournoi identique le 6 janvier 1521 veut en rester là. Mais voyant que le roi commence à s’indisposer de son refus, il accepte de repartir au combat pour affronter le roi qui piaffe d’impatience sur son cheval nommé… « Malheureux ». Les deux cavaliers s’élancent au galop et l’accident survient décrit ainsi par D’Aubigné : « Et dans la course, sa lance rompit en la visière du roi si rudement que la morne se décrocha de la haute pièce, et que la visière levée en haut, le contrecoup donna dans l’œil. »
[[asset:image:6156 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]
« Plusieurs fragments ont percé l’œil même »
Le casque du roi enlevé, on se rend vite compte de l’étendue des dégâts : « Un gros éclat de bois a frappé le front au-dessous du sourcil droit et a déchiré la chair, venant s’enfoncer dans un coin de l’œil gauche. Plusieurs fragments ont percé l’œil même. L’os frontal n’est pas touché ». Le plus gros morceau de bois fait dix centimètres et est entré par l’œil pour ressortir par l’oreille. Après avoir lavé la plaie au blanc d’œuf, les médecins présents sur place administrent au souverain une potion à base de rhubarbe, de camomille et de momie (un mélange d’émétique et de poix).
[[asset:image:6161 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]Et comme Jean Chapelain, le premier médecin du roi n’a pas d’autre idée que de faire une saignée, on va bientôt faire appel au jugement d’Ambroise Paré qui était alors un des quatorze chirurgiens-valets de chambre ordinaire du roi. À son tour, il constate avec effroi la blessure qu’il détaillera ainsi par la suite dans son Journal : "...un esclat du contrecoup luy donna au-dessus du sourcil dextre et lui dilacéra le cuir musculeux du front près l'os, transversalement jusques au petit coin de l'œil senestre, et avec ce plusieurs petits fragmens ou esquilles de l'esclat demeurèrent en la substance dudit œil sans faire aucune fracture aux os. »
Reproduction de l’accident royal sur quatre condamnés à mort
Avant d’entreprendre une quelconque opération chirurgicale et ne sachant trop comment enlever les éclats de bois de l’œil du roi, Ambroise Paré reçut l’autorisation d’infliger la même blessure qu’au roi à quatre condamnés à mort détenus au Châtelet afin d’étudier la zone des méninges traversée par le funeste pieu. Pour mieux observer les dégâts, les quatre têtes des condamnés seront sciées en deux.
Parallèlement, Philippe II d’Espagne fait mander à Paris son médecin personnel, André Vésale qui, lui aussi, va se montrer impuissant à guérir Henri II. Ce sera néanmoins l’occasion pour Ambroise Paré de demander l’autorisation à celui qui est considéré comme le plus grand anatomiste de la Renaissance de reproduire ses planches dans l’ouvrage qu’il est en train d’écrire sur l’anatomie du corps humain.
[[asset:image:6166 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]Les chirurgiens n’en pouvant mais, le roi de France va mourir le 10 juillet, vers 15 heures, après une longue agonie et dans d’atroces souffrances, en défendant que Montgomery soit inquiété de quelque manière que ce soit. Pourtant, alors qu’il avait versé dans le camp protestant, Montgomery fut fait prisonnier lors du siège de Domfront, ramené à Paris et condamné à mort, plus pour avoir été à l’origine de la mort d’Henri II que pour son protestantisme, car comme l’écrivit le président Hénault, « il fallut accorder cette satisfaction à la passion de la régente [Catherine de Médicis], qui voulait, à quelque prix que ce fût, la mort d’un homme qui lui avait enlevé le roi son époux. »
La prédiction de Nostradamus
Rappelons enfin qu’un autre médecin, Michel de Nostredame, dit Nostradamus, avait prédit la mort du roi dans un de ses plus célèbres quatrains :
« Le lion jeune le vieux surmontera
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux lui crèvera,
Deux classes une puis mourir mort cruelle. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation